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Le concours commun aux IEPs de province propose deux thèmes pour l’épreuve de questions contemporaines:

La Ville et Radicalités.

Tour d’horizon de 5 erreurs à éviter sur le thème « Radicalités ».

Erreur n°1 : Oublier le sens étymologique de « radicalités »

Lorsqu’on évoque le terme de radicalité, on pense tout d’abord au fait d’être total, absolu, définitif voir extrémiste. C’est une des composantes essentielles du thème de questions contemporaines de cette année.

Pour autant, il ne s’agit pas de la totalité du sujet. On retrouve dans la radicalité le mot latin radix, qui signifie « racine ». La radicalité s’entend donc étymologiquement comme le fait d’être à la racine de l’objet étudié ou d’être sa racine. Ce serait donc la nature profonde d’une chose, ce qu’on appelle en philosophie son « essence ».

Le sens étymologique et le sens commun du terme de radicalité sont en réalité très liés. Par exemple, si on parle d’un courant religieux radical, on aura deux aspects. Le fait d’aller à l’essence de la religion en question, de retrouver les fondements de celles-ci (définition étymologique) peut se traduire à terme, par un rejet de certaines formes de pratiques religieuses qui ne seraient pas réellement au fondement (réel ou supposé) de la religion. On retrouve l’aspect absolu du terme radicalité.

Dans le sujet que vous aurez à traiter, vous ne parviendrez pas forcément à aborder ces deux sens, mais pensez-y lors de l’analyse de votre sujet afin de ne pas passer à côté de la moitié du sujet. La mise en perspective peut également vous servir de base pour conclure votre dissertation !

Erreur n°2 : Confondre Radicalités et Radicalisation

Le risque pour beaucoup de candidats est de se focaliser sur le thème de la radicalisation. Il s’agit d’un sujet bien plus documenté et fourni en terme de sources (journalistiques, universitaires etc. ) que le terme de radicalités. Il est fort probable qu’un certain nombre de candidats se laissent inconsciemment dévier du sujet initial pour se focaliser dans leurs révisions sur le thème de la radicalisation.

Le terrorisme, les processus de radicalisation, les programmes de déradicalisation etc. font bien évidemment partie du sujet et il est indispensable que vous fassiez des fiches sur le sujet et que vous en maitrisiez les faits et les références théoriques.

On peut imaginer un sujet d’épreuve du type « toute critique est elle forcément radicale? ». Sur un sujet de ce type, les éléments étudiés sur la radicalisation ne vous serviront qu’assez peu. Pire, sur un tel sujet, si vos axez trop votre raisonnement sur les aspects de la radicalisation, le correcteur risque d’être agacé en ayant l’impression que vous cherchez à plaquer des connaissances, qui n’apportent rien à la réponse au sujet. Cela sera d’autant plus le cas si 100 candidats ont fait de même lors des précédentes copies qu’il aura à lire…

Erreur n°3 : Oublier le pluriel de Radicalités

Le thème proposé au concours commun des IEPs de région est « Radicalités » et non « Radicalité ». Si le candidat ne doit pas se poser trop de questions sur la présence du pluriel à ce sujet, cela donne tout de même une indication forte sur la direction que le jury a souhaité donner au sujet. Si le sujet avait été formulé au singulier, cela indiquerait que le jury souhaite se concentrer sur l’essence de la radicalité, ses caractéristiques etc. dans une optique plutôt philosophique.

Le pluriel indique clairement qu’il faudra évoquer plusieurs type de radicalités, éventuellement pour les comparer, et en montrer les différences. Être radical au niveau politique ne signifie peut être pas la même chose qu’être radical au niveau artistique ou religieux.

Erreur n°4 : Se concentrer sur les radicalités politiques ou religieuses

Les deux sujets qui viennent naturellement à l’esprit quand on évoque le thème de radicalités sont :

– la montée des expressions religieuses radicales (montée du terrorisme islamiste par exemple)

– les mouvements politiques radicaux (extrémismes, populismes)

Pour autant, on peut trouver nombre d’autres expressions de la radicalité dans de nombreux domaines :

les expressions artistiques radicales:

Les successions de mouvements artistiques regorgent d’exemples où un mouvement artistique a été radicalement critiqué par un autre mouvement artistique radical. Une bonne copie pourra citer plusieurs exemples de mouvements artistiques radicaux (peinture, littérature, cinéma…)

la radicalité intellectuelle et scientifique:

De nombreux mouvements intellectuels ou philosophiques prônent une approche « radicale » ou des méthodes « radicales ». On peut citer par exemple le mouvement marxiste.

De manière moins idéologique, de nombreuses approches scientifiques et/ou philosophique revendiquent des méthodes radicales. Par exemple, Jacques Derrida, philosophe français adepte de la « déconstruction » revendique ce type d’approche.

Erreur n°5 : Se focaliser sur l’actualité

Le thème choisi comporte une forte dimension liée à l’actualité des dernières années. La montée des extrémismes religieux et du terrorisme, ainsi que la vivacité des partis politiques populistes viennent naturellement à l’esprit des candidats, y compris des candidats les moins bien préparés.

Le jury attends néanmoins des candidats qu’ils ne fassent pas uniquement référence à l’actualité récente. Le niveau élevé du concours impose une prise de hauteur vis à vis du sujet et de ses enjeux. Il est également indispensable d’apporter des références de penseurs, sociologues, journalistes, essayistes. Ces références sont généralement plus nombreuses et de meilleure qualité lorsqu’elles portent sur des sujets plus éloignés de l’actualité. Vous pourrez toujours trouver des ouvrages et des références traitant de sujets d’actualité mais il existe un risque non négligeable que la référence ne soit pas de bonne qualité. Rappelez-vous que les correcteurs des copies sont des enseignants et des universitaires et sont très attentifs au fait de citer des sources et en particulier des sources fiables et étayées.

Le jury appréciera également les éléments permettant une remise en perspective du sujet. Préparez en amont de l’épreuve des exemples qui ne sont pas issus uniquement de l’actualité. Par exemple, si vous voulez parler du terrorisme (qui est une forme d’expression politique radicale), évitez de prendre pour illustration les récents attentats djihadistes. 90% des candidats le feront, en particulier les moins bien préparés. Vous pouvez préparer une fiche sur le terrorisme d’ultra gauche des « années de plomb » en Europe (Cela tombe bien, vous pourrez vous en resservir pour l’épreuve d’histoire) ou encore sur le terrorisme anarchiste des années 1890.

Illustration : Vincent Corpet : « Massacre des Innocents », 2010 – huile sur toile

3 commentaires

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