Catégorie : Culture Générale

Les livres à lire sur le thème « La pauvreté »

Les livres à lire sur le thème « La pauvreté »

Il y a quelques temps, je vous ai proposé un article vous présentant comment intégrer Sciences Po Lyon en deuxième année. Je vous y expliquais notamment que l’admission nécessite le passage d’un concours, appelé « concours sciences sociales ».

Cette année, le thème choisi par le jury est le thème « pauvreté ». Deux épreuves du concours seront axées sur ce thème :

Vous pouvez acheter ce livre ICI.

  • une épreuve de dissertation de sciences sociales sur le thème « pauvreté » : il s’agit d’une dissertation sur le thème pauvreté. A noter que le sujet posé par le concours pourra porter sur plusieurs discipline/approches (sociologie, économie, histoire, géographie, anthropologie, sciences politique…)

Je vous propose dans cet article de passer en revue, discipline par discipline, les ouvrages à lire et à ficher pour réussir cette épreuve de dissertation de sciences sociales.

Sociologie de la pauvreté

Le thème de la pauvreté est beaucoup étudié par la sociologie et je vous conseille en particulier les ouvrages suivants :

Pierre Bourdieu : La misère du monde.

Cet ouvrage collectif, dirigé par Pierre Bourdieu propose d’aborder le thème de la pauvreté et de la misère via un ensemble de monographies. l’ouvrage est plaisant à lire puisqu’il alterne les études de cas et monographies et les passages explicatifs et théoriques. La thèse qui sous-tend cet ouvrage majeur est de montrer le rôle important de l’État dans le maintien de la pauvreté.

Acheter le livre ICI.

Robert Castel : Les métamorphoses de la question sociale

Ce livre est également une référence majeure du sujet de la pauvreté. L’ouvrage étudie le salariat et en décrit l’histoire. Il montre l’apparition des systèmes de gestion des pauvres et de la pauvreté et décrit le fait qu’à sa création, le salariat est un système de contrôle social des « pauvres ».

Acheter le livre ICI.

Erving Goffman : Stigmates

Stigmates est un livre important dans l’histoire de la sociologie, et en particulier de la sociologie de la déviance, de l’exclusion et du handicap. La stigmatisation est en effet un des ressorts important de la définition d’un individu comme étant un « pauvre ».

Acheter le livre ICI.

Serge Paugam : La disqualification sociale. Essai sur la nouvelle pauvreté et les formes élémentaires de la pauvreté.

Serge Paugam est à l’origine de travaux largement diffusés sur la pauvreté, et en particulier à la définition de 3 types de pauvretés : la « pauvreté intégrée », la « pauvreté marginale »,
la « pauvreté disqualifiante ».

Acheter la disqualification sociale ICI

Acheter les formes élémentaires de la pauvreté ICI

L’économie et la pauvreté

La pauvreté a été étudiée par de nombreux économistes et penseurs économiques (Ricardo, Marx, Adam Smith …). Si vous n’êtes pas familier avec  l’économie, je vous conseille de lire une synthèse d’histoire de la pensée économique. Vous pouvez également lire cet article d’introduction (Les économistes et les pauvres) accessible sur CAIRN.

Le Capital au 21ème siècle de Thomas Piketty.

Je vous recommande ensuite, de vous intéresser aux travaux liés aux inégalités. Pour cela, la principale référence Le livre de Thomas Piketty, Le Capital au XXIème siècle. C’est un livre assez long, mais très pédagogique et qui se lit très bien, même pour les non-initiés. Si vous n’avez pas le temps de le lire, je vous conseille le Que-sais-je du même auteur, sur l’économie des inégalités accessible ICI.

Acheter le livre ICI.

Daniel Cohen  Richesses du monde, pauvreté des nations

Daniel Cohen propose un essai sur la base d’une question simple : le monde n’a jamais été aussi riche, et pourtant il y a de plus en plus de pauvres. Il analyse l’impact de la mondialisation sur les nations, et la montée de la pauvreté.

Acheter le livre ICI.

Amartya Sen et son approche des « capabilités« .

L’économiste indien, lauréat du prix nobel d’économie a effectué un changement de paradigme sur la pauvreté, en introduisant la notion de « capabilité » : « Par libertés substantielles, j’entends l’ensemble des « capacités » élémentaires, telles que la faculté d’échapper à la famine, à la malnutrition, à la morbidité évitable et à la mortalité prématurée, aussi bien que les libertés qui découlent de l’alphabétisation, de la participation politique ouverte, de la libre expression, etc. » (Amartya Sen, Un nouveau modèle économique. Développement, justice, liberté.)

Acheter le livre ICI.

Lexique et définitions du Big Data et du numérique

Lexique et définitions du Big Data et du numérique

Le thème « Le numérique » du concours commun des Instituts d’Etudes Politiques 2019 va vous amener à vous questionner sur de nombreuses innovations et techniques qui font les gros titres de l’actualité (scandale de Cambridge Analytica par exemple). Parmi celles-ci, je vous propose de passer en revue un certain nombre de termes en lien avec le BIg Data.

https://www.lebigdata.fr/wp-content/uploads/2017/07/machine-learning.png

Le Big Data

La traduction du terme Big Data est « Grosses Données ». Il n’existe pas à ce jour de définition officielle du Big Data. La commission générale de terminologie et de néologie a néanmoins proposé une définition. Celle-ci est : « données structurées ou non dont le très grand volume requiert des outils d’analyse adapté ». Au delà des données, lorsqu’on parle de Big Data, on évoque les algorithmes et les modèles créés à partir de celles ci.

Le Data Mining

Ce terme est moins connu que le terme de « Big Data ». Il s’agit de l’analyse tirée des Big data, à savoir le fait de transformer les données en informations, en modèles utiles via le croisement et l’analyse des données. Les big data sont donc la source, la matière première du data mining.

Le Deep learning

Si on traduit littéralement ce terme, on obtient l’ « apprentissage profond ». Il regroupe les dispositifs, méthodes et algorithmes d’apprentissage automatique. Autrement dit, un modèle ou algorithme est conçu pour s’améliorer de lui même en fonction des résultats et des cas d’usage qu’il rencontre. Par exemple, des programmes de reconnaissance d’images (identification des visages sur des photos) deviennent de plus en plus précis au fur et à mesure qu’ils analysent et identifient des images. Ces technologies sont utilisés dans de nombreux domaines, y compris l’intelligence artificielle.

L’IOT (« Internet of Things »)

L’internet des objets consiste en un réseau d’objets connectés capable d’acquérir et d’échanger des données au sein d’un ecosystème. On peut citer les capteurs, boitiers, caméras, bracelets connectés etc. Ce marché est en constant développement poussé le faible prix des capteurs, l’augmentation de la puissance internet etc. Il pose néanmoins de nombreux obstacles et questions (notamment la sécurité, l’utilisation des données, mais aussi la préservation de la vie privée).

Les Dark Data

Les dark data sont des données qui sont stockées par un grand nombre d’acteurs (entreprises, organisations…) , mais qui ne sont pas utilisées dans un but précis ou ne sont pas utiles. Les organisations ont tendance à les stocker pour les revendre, les utiliser éventuellement dans le futur etc. Elles sont un problème important notamment pour la préservation du secret et de la vie privée.

Y-a-t-il d’autres thèmes que vous souhaitez voir définir? Laissez moi vos questions en commentaires.

Analyse de sujet de dissertation Sciences Po : exemple concret

Analyse de sujet de dissertation Sciences Po : exemple concret

Je vous propose d’aborder aujourd’hui un point de méthodologie de la dissertation, via un exemple adapté à l’épreuve de questions contemporaines. Cette étape est la base de l’exercice de la dissertation mais est trop souvent négligée par les candidats. Négliger cette étape peut vous entraîner vers des hors sujets ou vers des copies bancales, sans réelle réflexion. Pour rappel, le manque de réflexion personnelle sur les sujets proposés est le principal défaut relevé par les jurys dans leurs rapports.

J’ai choisi d’aborder cet exercice en l’adaptant à un sujet de dissertation soumis par un lecteur via Twitter : « faut-il réprimer les radicalités? »

Étape 1 : identifier pourquoi le sujet est important.

  • Identifier quel est l’enjeu?

Identifier l’enjeu d’un sujet de dissertation est une étape primordiale de son analyse, en particulier pour « vendre » votre copie. Identifier le ou les enjeux vous permettra de montrer au correcteur que vous avez compris en quoi le sujet est véritablement important. Par important, j’entends montrer au jury que le sujet vous intéresse profondément, au delà de l’impératif du concours, en tant qu’homme et citoyen.
Sur cet exemple, un des enjeux du sujet est par exemple la lutte contre les mouvements radicaux, par exemple le terrorisme. Alors qu’un certain nombre de débats ont émergé suite à la vague d’attentats terroristes islamistes, cette question est importante puisqu’elle pose la question de leur efficacité. Un bon moyen de trouver facilement l’enjeu d’un sujet de dissertation est d’identifier des applications concrètes sur des enjeux d’actualités.

  • Identifier pourquoi la réponse à la question ne va pas de soi. (la problématique)

Si on vous pose une question, c’est précisément parceque la réponse ne va pas de soi et n’appelle pas une réponse simple et manichéenne. Vous devez donc très vite analyser pourquoi cette question peut amener des réponses opposées. Les différentes réponses pourront être à la base du plan de votre dissertation. Généralement, lorsqu’on lit un sujet, une première réponse vient spontanément. C’est souvent ce qu’on appelle en philosophie le « sens commun ». Ici, pour le sujet traité, on a naturellement envie de répondre « oui » à la question « Faut-il réprimer les radicalités ». Les mouvements et opinions radicales sont potentiellement dangereux et il faut donc les réprimer pour éviter qu’elles ne prolifèrent et ne se développent.

En réfléchissant un peu, on peut pourtant se dire que :
– la répression n’est peut être pas le moyen adapté pour lutter contre les radicalités, voire même peut avoir des effets contre-productif.
– toutes les formes de radicalités ne sont pas nuisibles : les radicalités intellectuelles peuvent être fécondes, les mouvements artistiques radicaux permettent à l’art d’évoluer et de se renouveler. J’ai évoqué quelques pistes dans cet article.

Pendant cette étape vous pouvez également vous servir des références que vous avez étudié pendant vos révisions. Certains références sont clivantes et peuvent vous aider à identifier la problématique. Vous pouvez consulter un top 5 des références sur le sujet des radicalités sur cet article.

Vous tenez donc votre problématique !

Étape 2 : Définir précisément les contours du sujet.

Résultat de recherche d'images pour "brouillon"

  • définition des termes :

Il convient de définir précisément les termes principaux. Ici, il faut définir dans l’analyse de votre sujet : radicalités, réprimer ou répression.

Il est également impératif de jouer sur la question et distinguer les deux sens qui se cachent derrière la question « faut-il … ? ». Je vous invite pour cela à relire vos cours de méthodologie de philosophie.

Ici, il ne faut surtout pas oublier les deux sens du verbe falloir et il vous faut analyser votre sujet de dissertation avec ce prisme. Faut-il peut signifier : « est-il nécessaire » de réprimer les radicalités? ou « est-il de notre devoir de réprimer les radicalités? » La référence à la nécessité pose la question de l’efficacité. La référence au devoir et à la morale pose la question de la légitimité.

Si vous souhaitez approfondir ce terme, vous pouvez relire d’excellents articles sur le site sosphilosophie ici.

  • définition du périmètre :

Sur certains sujets, il faut définir le périmètre de votre réflexion. Ici, je ne vois pas l’intérêt de borner votre sujet. Le terme réprimer suggère tout de même que la question porte sur l’aspect politique du sujet puisqu’il comporte une évocation de violence.

Étape 3 : Construire votre plan.

Résultat de recherche d'images pour "analyse dissertation"

Si vous avez précisément identifié votre problématique, le plan découlera simplement de celle-ci. Je vous conseille néanmoins de reformuler les parties des titres de plan afin de gagner en efficacité. J’ai évoqué dans un article précédent les types de plans possibles pour une dissertation au concours de Sciences Po et leurs forces et faiblesses.

Problématique :  La répression : un outil à double tranchant pour lutter contre les radicalités

I) un outil nécessaire.

A) La répression, un outil nécessaire pour éviter la prolifération des radicalités

B) La répression, un outil légitime au regard des dangers des radicalités

II) mais imparfait voire même contreproductif

A) Les mécanismes de la répression ne sont pas forcément les meilleurs outils pour lutter contre les radicalités

B) Les radicalités peuvent se nourrir de la répression voire émerger de celle ci.

Conclusion : la radicalité comme moyen de lutter contre la répression?

Quel plan utiliser au concours de Sciences Po?

Quel plan utiliser au concours de Sciences Po?

Le terrorisme est-il efficace? Corrigé culture générale concours commun des IEPs

Le terrorisme est-il efficace? Corrigé culture générale concours commun des IEPs

Dans cet article, je vous propose un corrigé sur le sujet « Le terrorisme est il efficace? ». Ce sujet rentre dans le cadre de l’épreuve de culture générale et de questions contemporaines du concours commun des IEP sur le thème « Radicalités » et « Révolutions »

Introduction

Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center, ont provoqué très vite l’idée d’une entrée dans une nouvelle ère mondiale, avec une promotion sans précédent du groupe terroriste Al Quaida. De ce point de vue, cet attentant semble être une action de communication radicale mais extrêmement efficace au regard des moyens utilisés et des résultats obtenus du point de vue des terroristes. Pourtant, immédiatement après, les réactions ont été vives, dans les pays occidentaux, mais également au-delà. L’immense majorité des gouvernements, y compris dans les pays musulmans, ont condamné ces actions. Au-delà des critiques des attentats terroristes, un consensus a également largement émergé sur une intervention en Afghanistan, pour viser directement les terroristes. Les attentats ont également légitimé la mise en place d’une action militaire visant à détruire un régime soutenant les terroristes. De ce point de vue, on peut considérer que cet attentat a été efficace à court terme mais contre-productif à moyen ou long terme puisque vu comme non légitime. Pour autant, si le terrorisme n’est pas efficace à long terme, il est étrange de voir se multiplier les actions terroristes ces dernières années. Faut-il donc penser que le terrorisme est efficace, c’est-à-dire qu’il est un moyen adapté pour parvenir aux fins des terroristes ? Et si c’est le cas, en quoi ?

Nous verrons que si le terrorisme n’est pas efficace en soi faute de légitimité, certains terrorismes deviennent efficaces lorsqu’ils dépassent cette appellation.

I) Le terrorisme est inefficace car illégitime.

Il n’y a certes pas de liens entre l’idée d’efficacité et de légitimité. La première notion concerne l’adéquation entre les moyens mis en œuvre et les objectifs poursuivis. La deuxième notion concerne l’adéquation entre les moyens mis œuvre et leur acceptation sociale, notamment au regard des valeurs reconnues dans une société donnée.

A) Le terrorisme est un moyen efficace de semer la terreur.

Le principal levier d’efficacité du terrorisme est l’instauration d’un sentiment de terreur qui affecte la région, le pays, le groupe ethnique visé par le terrorisme … mais également au-delà les touristes, investisseurs, partenaires etc. On peut citer par exemple l’impact en termes de baisse de fréquentation touristique lorsqu’une région est touchée par des attentats terroristes. Cela a été le cas à Paris suite aux attentats de 2015, en Égypte suite aux attentats de Louxor en 1997…

Pour cela le terrorisme se fonde sur un type particulier de violence pour instaurer la terreur parmi les populations visées avec des caractéristiques particulières :

  • La réitération : le terrorisme désigne un état dans lequel les attentats sont récurrents, réitérés ou au moins vécus comme tels. Un attentat isolé ne suffit pas pour être en situation de terrorisme.
  • Le hasard : une des composantes importantes qui provoque la terreur est le fait que les victimes sont très souvent choisies au hasard, ce qui donne l’impression à l’ensemble de la population visée qu’elle est une victime potentielle,
  • La facilité de mise en œuvre : en terme financier, logistique, technique… (ex : des voitures béliers de Daech, des attentats au couteau sur des militaires israéliens etc). Le terrorisme est un instrument utilisé par des groupes « faibles » contre des puissances et/ou des armées fortes ou des États.

Le terrorisme est également d’autant plus efficace que les impacts sont amplifiés par les médias. Il est donc logique qu’on assiste à une recrudescence des actes terroristes puisque le « village planétaire » décrit par MCLuhan dans The Medium is the Message amplifie l’impact des actions terroristes.

B) Mais c’est un moyen trop illégitime pour parvenir à ses fins

Les actions terroristes s’appuient généralement sur deux leviers principaux : une action violente pour faire aboutir la cause du mouvement terroriste, et le fait de mettre une pression sur les décideurs et les gouvernants pour les inciter à négocier. Pourtant, un nombre important de mouvements terroristes ont échoué. On peut citer par exemple les mouvements anarchistes ou nihilistes. Dans les faits, on constate l’effet inverse. Le terrorisme a tendance à souder la population visée voire au-delà, sur la base du caractère injuste d’attaques violentes contre des personnes qui ne sont pas responsables. De plus, le caractère radical de l’action terroriste peut causer des divisions internes au mouvement terroriste, au sujet justement de l’efficacité finale du recours au terrorisme pour la cause souhaitée, et ainsi affaiblir le mouvement terroriste.

Il y a cependant des exemples dans lesquels la population rejoint les mouvements terroristes.

II) Le terrorisme peut devenir efficace lorsqu’il parvient à écarter l’étiquette de terrorisme

Le sociologue Howard Becker, dans son ouvrage Outsiders (1963), développe la notion d’étiquetage qui a selon lui deux fonctions : désigner le déviant, et renforcer la solidarité et le sentiment d’appartenance commun. On peut considérer que le terrorisme devient réellement efficace en s’extrayant de cette « étiquette » soit en ralliant un large soutien, soit en s’institutionnalisation :

A) En obtenant le soutien de la population qu’il représente

Dans les faits, le terrorisme connait une double opposition. D’une part, une opposition entre le terrorisme contre des civils et le terrorisme contre des militaires ou des forces armées. D’autre, une opposition entre le terrorisme dans un situation de relative liberté et le terrorisme dans une situation de relative oppression. Ces différentes typologies de terrorisme entrainent des réactions différentes de la part des soutiens potentiels. Pour schématiser, un terrorisme, contre des militaires et dans un contexte d’oppression a d’autant plus de chances de rallier des soutiens (au niveau local dans la population défendue, mais également au niveau international voir même dans le pays qui est vu comme étant l’oppresseur). On peut citer comme exemple l’Algérie pendant la guerre d’indépendance. Tant que l’Algérie n’avait pas obtenu son indépendance, les indépendantistes radicaux étaient décrits comme des terroristes. De même, les mouvements de la Résistance française pendant la seconde guerre mondiale étaient décrits pendant l’Occupation comme des mouvements terroristes. Même si les moyens initiaux de ces mouvements sont limités, peu à peu, via le ralliement de la population, il ont pu triompher jusqu’au point où on ne parle plus d’eux comme des mouvements terroristes mais de résistance, ou de libération.

B) En s’institutionnalisant

Il y a a priori une opposition frontale, radicale, entre le terrorisme et la guerre. La guerre concerne une lutte entre États, et éclate en cas d’impossibilité de trouver des compromis. Cependant, parfois, le terrorisme est une première étape vers un autre type de conflit, plus institutionnalisé. Le but du terrorisme serait alors de faire prendre conscience du bienfondé d’une cause, avant son institutionnalisation vers un autre forme qui permet les compromis et les résultats concrets. Cependant, cette institutionnalisation peut être compliquée dans la mesure où le terrorisme est un mouvement radical et qui peut entrainer un cercle vicieux : terrorisme-répression-terrorisme.

Conclusion :

Cette question de l’efficacité de l’action radicale qu’est le terrorisme appelle une réponse mitigée. Le terrorisme est souvent efficace à court terme car il fait prendre conscience d’une cause et surgit de manière marquante dans les opinions publiques. A moyen long terme, il est souvent peu efficace, surtout s’il se coupe du soutien de masse des populations ou refuse la négociation. Cependant, l’efficacité du terrorisme est peut-être un faux problème puisqu’il suppose une rationalité pure des terroristes. Une partie du terrorisme échappe à coup sûr à cette rationalité.

Comment montrer au correcteur que vous maitrisez vos références?

Comment montrer au correcteur que vous maitrisez vos références?

Comment montrer au correcteur que vous maitrisez vos références?

Développez les références !

La difficulté principale du concours de Sciences Po et des Instituts d’Études Politiques est d’assimiler de nombreuses références théoriques, de matières universitaires très diverses et de pouvoir en parler avec un niveau de détail poussé dans une copie. Il est très compliqué pour un lycéen ou un étudiant préparant le concours de lire et de ficher l’ensemble des ouvrages qu’il apprendra dans le cadre de sa préparation au concours.

Lors du concours, les correcteurs sont néanmoins extrêmement sensibles au fait que les références citées soient développées de manière approfondie. N’oubliez pas que les correcteurs sont des enseignants en IEP, disposant d’un haut degré d’expertise et d’exigence. Pour la plupart d’entre eux, ils n’aiment pas que les références soient « survolées ».

Prenons un exemple, vous souhaitez illustrer dans une copie l’idée selon laquelle la part de croyance dans le monde diminue au profit de la montée des idées rationnelles, et fondées scientifiquement.

Exemple 1 : Max Weber observe, notamment dans son ouvrage « l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme » un mouvement de rationalisation du monde, au sein de la civilisation occidentale.

Exemple 2 : Dans l’introduction de son ouvrage « l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme » (1905), le sociologue allemand Max Weber s’interroge sur l’apparition, à partir des philosophes des Lumières, de comportements culturels qui tendent à devenir universel, puisque basés sur une logique de rationalité. Il prend notamment comme exemple le domaine de la musique, avec l’apparition des gammes ou de la peinture, avec l’apparition de la perspective.

Les deux exemples illustrent la même idée. Dans le second cas cependant, le candidat est capable de citer :

  • la date de parution de l’ouvrage,
  • la localisation au sein de l’ouvrage cité de l’idée développée,
  • les exemples utilisés par l’auteur lui même pour illustrer son argumentation.

Le correcteur valorisera la copie avec le deuxième exemple au contraire de la copie avec le premier exemple. Ce qui peut sembler minime au niveau d’un seul argument peut avoir des conséquences importantes au niveau de la note finale. Deux copies qui utiliseraient les mêmes idées et arguments mais développeraient différemment les exemples et citations peuvent s’échelonner facilement entre une note de 7/20 ou 8/20 et de 12/20 à 14/20.

Le correcteur acceptera d’ailleurs d’autant plus que vous survoliez certaines références, exemples ou citations si d’autres références de votre copie sont particulièrement bien documentées et détaillées.

Evitez le « Name Dropping »

Outre le fait de ne pas détailler assez les références et exemples cités, un autre défaut agace considérablement les correcteurs. Il s’agit des candidats qui abusent de références, sans les développer.

Si vous cherchez des exemples de Name Dropping, je vous invite à regarder les exemples cités sur Wikipedia.

Si le concours de Sciences Po est une épreuve de réflexion mais également d’érudition (il faut montrer que vous connaissez beaucoup de références), il ne faut pas assommer le correcteur avec trop de noms et de références. D’une part, il y a peu de risque qu’il soit impressionné. Les correcteurs sont souvent d’anciens élèves d’IEPs et connaissent bien les grands auteurs et philosophes généralement cités dans les épreuves de culture générale et de questions contemporaines.

D’autre part, ce que le correcteur attend, c’est que l’argument ou l’auteur invoqué soit au service de votre réflexion et de votre argumentation. Les copies « creuses » en terme de réflexion mais bourrées de références paraissent aux correcteurs extrêmement pompeuses et prétentieuses et sont généralement sanctionnées.

Si vous connaissez plusieurs auteurs ou ouvrages illustrant une même idée, je vous conseille de détailler le premier auteur/ouvrage. Vous pouvez indiquez ensuite une phrase du type « L’auteur X développe aussi ce raisonnement à propos du sujet Y dans son livre Z. ». C’est amplement suffisant. Vous montrez que vous avez plusieurs cordes à votre arc (plusieurs références) mais surtout que vous savez viser juste (développer une référence).

Si vous voulez voir ce que donne ce conseil dans une copie de concours, je vous invite à consulter ma copie de concours à Sciences Po Lille. Elle est accessible ICI.

Préparez vos fiches de lecture en conséquence

Je vous invite donc à préparer vos fiches de lecture dans cette optique.

Lorsque vous réalisez des fiches de lecture sur les ouvrages importants d’un thème, il est important selon moi de veiller aux points suivants :

  • respecter le plan de l’ouvrage : cela vous permettra de situer dans quel partie de l’ouvrage ou du raisonnement de l’auteur est développé l’exemple que vous évoquez,
  • retenir des citations importantes et marquantes : si vous développez une idée, vous devez impérativement citer l’auteur ayant écrit et énoncé celle-ci. Si vous citez dans quel ouvrage ou article il l’a fait, c’est encore mieux. Si vous ajoutez une citation (entre guillemets), vous gagnerez encore des points !
  • Mettez en évidence des exemples utilisés par l’auteur : cela montrera au correcteur que vous avez bien étudié l’ouvrage et que vous l’avez réellement lu et non pas appris dans un manuel quelconque.
  • Point bonus : je vous conseille aussi, lorsque vous fichez un livre, de réfléchir et de noter les thèmes ou sujets dans lesquels ce livre peut être invoqué.

Si vous cherchez un exemple de fiche, je peux vous conseiller de prendre exemple sur la fiche que j’ai réalisé à propos de l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme dont j’ai tiré les exemples plus haut. Elle est accessible ici.

5 erreurs à éviter sur le thème « Radicalités »

5 erreurs à éviter sur le thème « Radicalités »

http://img.lemde.fr/2017/09/07/0/0/1990/1691/785/667/60/0/0ebec8a_32163-1wi0t9a.x4ebrfi529.JPG

Le concours commun aux IEPs de province propose deux thèmes pour l’épreuve de questions contemporaines:

La Ville et Radicalités.

Tour d’horizon de 5 erreurs à éviter sur le thème « Radicalités ».

Erreur n°1 : Oublier le sens étymologique de « radicalités »

Lorsqu’on évoque le terme de radicalité, on pense tout d’abord au fait d’être total, absolu, définitif voir extrémiste. C’est une des composantes essentielles du thème de questions contemporaines de cette année.

Pour autant, il ne s’agit pas de la totalité du sujet. On retrouve dans la radicalité le mot latin radix, qui signifie « racine ». La radicalité s’entend donc étymologiquement comme le fait d’être à la racine de l’objet étudié ou d’être sa racine. Ce serait donc la nature profonde d’une chose, ce qu’on appelle en philosophie son « essence ».

Le sens étymologique et le sens commun du terme de radicalité sont en réalité très liés. Par exemple, si on parle d’un courant religieux radical, on aura deux aspects. Le fait d’aller à l’essence de la religion en question, de retrouver les fondements de celles-ci (définition étymologique) peut se traduire à terme, par un rejet de certaines formes de pratiques religieuses qui ne seraient pas réellement au fondement (réel ou supposé) de la religion. On retrouve l’aspect absolu du terme radicalité.

Dans le sujet que vous aurez à traiter, vous ne parviendrez pas forcément à aborder ces deux sens, mais pensez-y lors de l’analyse de votre sujet afin de ne pas passer à côté de la moitié du sujet. La mise en perspective peut également vous servir de base pour conclure votre dissertation !

Erreur n°2 : Confondre Radicalités et Radicalisation

Le risque pour beaucoup de candidats est de se focaliser sur le thème de la radicalisation. Il s’agit d’un sujet bien plus documenté et fourni en terme de sources (journalistiques, universitaires etc. ) que le terme de radicalités. Il est fort probable qu’un certain nombre de candidats se laissent inconsciemment dévier du sujet initial pour se focaliser dans leurs révisions sur le thème de la radicalisation.

Le terrorisme, les processus de radicalisation, les programmes de déradicalisation etc. font bien évidemment partie du sujet et il est indispensable que vous fassiez des fiches sur le sujet et que vous en maitrisiez les faits et les références théoriques.

On peut imaginer un sujet d’épreuve du type « toute critique est elle forcément radicale? ». Sur un sujet de ce type, les éléments étudiés sur la radicalisation ne vous serviront qu’assez peu. Pire, sur un tel sujet, si vos axez trop votre raisonnement sur les aspects de la radicalisation, le correcteur risque d’être agacé en ayant l’impression que vous cherchez à plaquer des connaissances, qui n’apportent rien à la réponse au sujet. Cela sera d’autant plus le cas si 100 candidats ont fait de même lors des précédentes copies qu’il aura à lire…

Erreur n°3 : Oublier le pluriel de Radicalités

Le thème proposé au concours commun des IEPs de région est « Radicalités » et non « Radicalité ». Si le candidat ne doit pas se poser trop de questions sur la présence du pluriel à ce sujet, cela donne tout de même une indication forte sur la direction que le jury a souhaité donner au sujet. Si le sujet avait été formulé au singulier, cela indiquerait que le jury souhaite se concentrer sur l’essence de la radicalité, ses caractéristiques etc. dans une optique plutôt philosophique.

Le pluriel indique clairement qu’il faudra évoquer plusieurs type de radicalités, éventuellement pour les comparer, et en montrer les différences. Être radical au niveau politique ne signifie peut être pas la même chose qu’être radical au niveau artistique ou religieux.

Erreur n°4 : Se concentrer sur les radicalités politiques ou religieuses

Les deux sujets qui viennent naturellement à l’esprit quand on évoque le thème de radicalités sont :

– la montée des expressions religieuses radicales (montée du terrorisme islamiste par exemple)

– les mouvements politiques radicaux (extrémismes, populismes)

Pour autant, on peut trouver nombre d’autres expressions de la radicalité dans de nombreux domaines :

les expressions artistiques radicales:

Les successions de mouvements artistiques regorgent d’exemples où un mouvement artistique a été radicalement critiqué par un autre mouvement artistique radical. Une bonne copie pourra citer plusieurs exemples de mouvements artistiques radicaux (peinture, littérature, cinéma…)

la radicalité intellectuelle et scientifique:

De nombreux mouvements intellectuels ou philosophiques prônent une approche « radicale » ou des méthodes « radicales ». On peut citer par exemple le mouvement marxiste.

De manière moins idéologique, de nombreuses approches scientifiques et/ou philosophique revendiquent des méthodes radicales. Par exemple, Jacques Derrida, philosophe français adepte de la « déconstruction » revendique ce type d’approche.

Erreur n°5 : Se focaliser sur l’actualité

Le thème choisi comporte une forte dimension liée à l’actualité des dernières années. La montée des extrémismes religieux et du terrorisme, ainsi que la vivacité des partis politiques populistes viennent naturellement à l’esprit des candidats, y compris des candidats les moins bien préparés.

Le jury attends néanmoins des candidats qu’ils ne fassent pas uniquement référence à l’actualité récente. Le niveau élevé du concours impose une prise de hauteur vis à vis du sujet et de ses enjeux. Il est également indispensable d’apporter des références de penseurs, sociologues, journalistes, essayistes. Ces références sont généralement plus nombreuses et de meilleure qualité lorsqu’elles portent sur des sujets plus éloignés de l’actualité. Vous pourrez toujours trouver des ouvrages et des références traitant de sujets d’actualité mais il existe un risque non négligeable que la référence ne soit pas de bonne qualité. Rappelez-vous que les correcteurs des copies sont des enseignants et des universitaires et sont très attentifs au fait de citer des sources et en particulier des sources fiables et étayées.

Le jury appréciera également les éléments permettant une remise en perspective du sujet. Préparez en amont de l’épreuve des exemples qui ne sont pas issus uniquement de l’actualité. Par exemple, si vous voulez parler du terrorisme (qui est une forme d’expression politique radicale), évitez de prendre pour illustration les récents attentats djihadistes. 90% des candidats le feront, en particulier les moins bien préparés. Vous pouvez préparer une fiche sur le terrorisme d’ultra gauche des « années de plomb » en Europe (Cela tombe bien, vous pourrez vous en resservir pour l’épreuve d’histoire) ou encore sur le terrorisme anarchiste des années 1890.

Illustration : Vincent Corpet : « Massacre des Innocents », 2010 – huile sur toile