L’article d’aujourd’hui traite d’un sujet particulièrement important dans l’optique de la réussite de votre concours : l’introduction de votre dissertation.

C’est en effet la partie la plus délicate de votre composition. Il s’agit tout d’abord de la première impression que le correcteur aura de votre travail, et il convient donc de soigner celle-ci. Pour avoir corrigé à plusieurs reprises des copies de concours blancs, force est de constater que, à la fin de la lecture de l’introduction, le correcteur a déjà une idée précise de la fourchette de note qu’il attribuera à la copie. L’introduction est ensuite la partie de la dissertation qui révèle si les étapes d’analyse du sujet et de problématisation ont été réalisées. Une introduction sans réelle problématisation sera généralement extrêmement plate et banale à la lecture. Une introduction avec une analyse partielle ou erronée du sujet (et des mots-clés qui le compose) sera également immédiatement identifiée et décèlera un hors sujet, ou un traitement partiel de celui-ci.

1) Respectez les étapes et les attendus de l’introduction

La dissertation est un exercice qui est défini par un certain nombre de règles formelles que vous devez impérativement respecter. Ne pas suivre la forme demandée conduira le correcteur à vous sanctionner. Les attendus indispensables de votre dissertation sont les suivants : une analyse et une définition des termes du sujets, une problématique pertinente et l’annonce du plan de votre argumentation (donc de la dissertation).

a) L’accroche du sujet

L’accroche de l’introduction n’est à mon sens pas indispensable et est à réserver uniquement si vous tenez une « bonne accroche » (pertinente et originale). Mieux vaut ne pas vous forcer à intégrer une accroche plutôt que de faire une accroche banale voire inexacte (évitez les poncifs du type « de tout temps, …  » ou  » Les gens pensent généralement que … « ).

b) l’analyse des termes du sujet

Cette étape est le prérequis indispensable à la construction de votre problématique et c’est une étape qui ne doit pas être négligée. Une analyse trop rapide peut vous faire rater un aspect du sujet ou même vois conduire à un hors-sujet. À titre personnel, je recommande de passer minimum 20 à 30 minutes sur cet aspect. Une analyse rigoureuse vous permettra de plus de construire une problématique pertinente.

Le moyen que j’utilisais pour l’analyse du sujet était de réécrire l’intitulé exact du sujet au milieu d’une feuille de brouillon, et de passer en revue un à un chaque mot du sujet, sans en oublier aucun. Certains sont bien entendu beaucoup plus importants que d’autres mais cette méthode permet de n’en publier aucun. La deuxième étape était de définir chaque mot, puis de me poser les questions suivantes « pourquoi ce mot a-t-il été utilisé? » et « quel autre mot aurait pu être utilisé? ». Les éléments importants sont notés sur la feuille de brouillon et reliés au mot étudié. Cela évite d’oublier des aspects importants du sujet, et surtout cela permet de se mettre dans une posture de recherche de problématique. Le fait de se demander pourquoi tel ou tel mot a été utilisé met en effet votre esprit dans une optique de recherche de la question suivante « pourquoi le jury m’a posé cette question? ».

c) une problématique pertinente

Si votre étape de définition des termes du sujet et votre analyse de celui-ci a été faite rigoureusement, vous serez vite en capacité d’identifier pourquoi le jury vous a posé ce sujet (et pas un autre). Il y a généralement plusieurs raisons pour laquelle le jury choisit un sujet au détriment d’un autre : la première est que le sujet présente une ou des problématiques intéressantes (et le jury attends alors de vous que vous identifiiez celle-ci et proposiez une réponse argumentée et pertinente, et non pas une réponse « café du commerce »), la deuxième est que le sujet présente un ou des enjeux importants (par enjeu, je veux dire un problème plus vaste et plus important qui se cache derrière le sujet. Par exemple, derrière le thème du secret peut se cacher un enjeu plus important qui peut être les fondements de la démocratie), le troisième est que le sujet choisi doit permettre d’échelonner les notes attribuée de manière efficace (il ne faut pas oublier que le but du concours est de « trier » les candidats).

Un bon moyen de mettre en évidence une problématique est de trouver une opposition interne au sujet. Celle-ci peut provenir directement de l’intitulé du sujet si c’est une question, de l’opposition ou du rapprochement entre deux termes du sujet etc. etc.

Attention cependant aux problématiques trop évidentes ! Je vous donne un exemple de sujet : L’individu contre la société. A première vue, la problématique qui vient vite à l’esprit est l’opposition entre l’individu d’une part, et la société qui tend à le contraindre. C’est d’ailleurs certainement la problématique qui émergera de la majorité des copies. Si vous avez appliqué la méthode d’analyse du sujet que je vous ai suggéré, vous allez devoir vous pencher sur le terme « contre ». Pourquoi le jury n’a pas intitulé le sujet « l’individu et la societé »? Et surtout, que recouvre le contre? Est-il uniquement une opposition ou ne peut-on pas comprendre « l’individu contre la société » au sens d’être appuyé, d’être adossé? (je suis appuyé contre un mur, par exemple). Vous voyez bien que chaque mot du sujet peut avoir son importance et faire évoluer la problématique que vous soumettrez au correcteur.

d) L’annonce du plan

Ai-je vraiment besoin de détailler cette étape? Il faut juste expliquer en quelques phrases le plan que vous allez suivre. Je vous déconseille les très scolaires « Dans un premier temps, … « , que vous pouvez facilement remplacer par une phrase du type « Si [le diplôme peut être vu comme un facteur d’inégalités importantes sur le marché du travail], [les nouvelles formes de travail montrent que son rôle se réduit…..] » .

2) Allez à l’essentiel

L’introduction étant la partie la plus importante de votre copie, n’ayez pas peur de développer celle-ci. Vous pouvez sans problème réaliser une introduction d’une page et demi, et en tout cas jamais en dessous d’une page. Je vous conseille néanmoins d’aller à l’essentiel lors de la rédaction de celle-ci, en évitant notamment les phrases trop alambiquées. Celle-ci doit être agréable à lire, et bien souvent cela passe par des phrases courtes, bien construites et reliées entre elles par des connecteurs logiques. Deux points me semblent particulièrement importants à retenir.

Le premier est assez simple à comprendre. Votre correcteur aura certainement un paquet de copie important à corriger. Vous ne savez pas si votre copie sera la 83ème copie de sa journée, ou s’il corrige celle-ci le soir, après une longue journée. Il y a de grandes chances que de nombreux candidats utilisent des arguments similaires, des références communes etc. etc. Il est possible qu’au moment de la lecture de votre copie, son esprit soit un peu moins concentré. Écrivez donc dans un style simple pour lui faciliter la tache. Cela lui permettra de mettre rapidement en évidence que vous avez bien défini les aspects du sujet, et mis en évidence une problématique.

Le deuxième tient au fait que la fonction de l’introduction n’est pas la même que les autres parties de la dissertation. Posez-vous la question de ce qui est évalué dans votre travail ( je ferai un article détaillé à ce sujet) : -Introduction : on cherche à évaluer votre capacité d’analyse du sujet, et votre capacité à formuler un problème.

-Développement : c’est votre érudition (les connaissances, références, exemples…), ainsi que votre capacité à argumenter qui sont évalués.

-Conclusion : c’est votre capacité de synthèse qui est évaluée.

On voit bien que le but de l’introduction n’est pas de montrer que vous maitrisiez beaucoup de références, mais uniquement de montrer que vous savez mettre en évidence une problématique et cadrer le sujet. Vous pouvez (et vous devez) faire simple à ce stade de la dissertation.

3) Travaillez sur la fluidité et l’originalité

Si les deux étapes précédentes sont acquises pour vous et ne vous posent pas de problèmes particuliers, vous pouvez vous atteler à améliorer ces deux derniers points, qui vous permettront de sortir du lot. J’insiste cependant sur le fait qu’il est indispensable de maitriser l’analyse du sujet et de la problématisation avant de vouloir travailler sur ce troisième volet.

Une des complexités de la rédaction d’une bonne introduction réside dans le fait qu’il faut définir les termes du sujet et faire émerger une problématique sans pour autant que cela soit trop « mécanique ». Il est donc impératif de travailler de manière fine votre introduction et je vous conseiller de rédiger celle-ci en intégralité au brouillon, pour construire un enchainement fluide depuis la définition des termes jusqu’à la problématique. Le moyen que j’utilisais pour vérifier que mon introduction était agréable à lire était de relire celle-ci, dans ma tête, mais comme si je devais la lire devant une assemblée de personnes.

Dernière axe de progrès, enfin, l’amélioration de votre originalité, pour vous démarquer. Cela peut se faire via le choix de références, l’utilisation de citations, l’utilisation d’exemples variés et qui sortent des sentiers battus. Le but est que le jury se rappelle de cette copie qui citait Molière sur un sujet n’ayant a priori pas de liens. Vous pouvez pour cela vous aider de références littéraires ou cinématographiques (voir par exemple mon article sur les références sur les révolutions ou le secret qui incluent des œuvres littéraires ou mon article sur les films : réviser l’épreuve de questions contemporaines avec quelques films ), en faisant par exemple une fiche avec les citations qui peuvent être utiles.


1 commentaire

Qu’est ce que le jury de Sciences Po attends de vous? – Concours IEP · 22 novembre 2019 à 14 h 51 min

[…] Il est d’autant plus important de travailler votre problématisation que le jury arrivera très facilement à voir si vous avez ou non analysé et problématisé votre sujet : il lui suffira en effet de lire uniquement votre introduction. Retrouvez ici mes conseils pour faire une introduction percutante. […]

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