Lorsque j’ai commencé à réviser pour intégrer un Institut d’Etudes politiques, en terminale, je me suis focalisé sur un point particulier : l’accumulation de connaissance. J’ai commencé à ficher des livres, des manuels etc… mais je suis passé à côté d’une étape fondamentale dans ma préparation au concours. Et j’ai raté les concours cette année-là ! Cette étape importante était de m’interroger sur les attendus du jury, ses critères d’évaluation, et donc sur les compétences que je devais travailler, au-delà de la seule accumulation de connaissances théoriques.

                Lors de mes échanges avec les lecteurs, je m’aperçois qu’une part importante d’entre vous se focalise sur les livres à lire, les chapitres à ficher… au lieu de se demander concrètement sur quels aspects ils doivent travailler en priorité. Cet article a donc pour objet de vous présenter les aptitudes et compétences que vous devez acquérir et développer pour réussir le concours de Sciences Po.

                Cet article n’a pas pour but de vous dire de ne pas ficher de manuels ou acquérir des connaissances théoriques sur les thèmes des différents concours. Les concours des IEP sont très sélectifs et vos connaissances sont un prérequis indispensable. Mais c’est le strict minimum pour ne pas être éliminé. Tous les candidats sérieux auront appris les connaissances et références incontournables des programmes d’histoire, de culture générale ou de questions contemporaines. Là où vous pourrez (et devez) faire la différence, c’est sur votre capacité à mettre en évidence les qualités que recherche le jury.

1) Votre capacité à problématiser

C’est la première chose qu’évaluera le correcteur, et cette partie constituera près de la moitié de votre note finale. Il est donc primordial de travailler cet aspect des choses. Une copie avec une bonne problématique et peu de références sera mieux notée qu’une copie ayant beaucoup de références mais pas de problématisation ou une fausse problématique. Le meilleur moyen de travailler cet aspect est de vous entrainer de la manière suivante :

  • Tout d’abord, en travaillant en condition réelle, sur des sujets (par exemple, sur mes propositions de sujets sur le thème « Le secret ») : bloquez vous un créneau, et réalisez une analyse du sujet comme si vous étiez le jour du concours. A ce stade, vos connaissances ne sont pas importantes. Vous pouvez problématiser des sujets et des thèmes sur lesquels vous n’avez pas de connaissances théoriques. L’objectif est de s’entrainer à déceler des contradictions, et à formuler des problématiques.
  • Ensuite, lorsque vous aurez acquis une certaine habitude et des réflexes, en imaginant des exemples de sujet. S’interroger sur les sujets qui pourraient tomber peut-être une bonne méthode puisque conditionne votre esprit à chercher des sujets réellement intéressant (donc avec une problématique).

Il est d’autant plus important de travailler votre problématisation que le jury arrivera très facilement à voir si vous avez ou non analysé et problématisé votre sujet : il lui suffira en effet de lire uniquement votre introduction. Retrouvez ici mes conseils pour faire une introduction percutante.

2) Votre capacité à argumenter

Le deuxième point sur lequel le jury va vous évaluer est votre capacité à argumenter, à défendre les positions que vous prenez lors de votre raisonnement. Autrement dit, il s’agit d’être convaincant dans les idées que vous détaillez dans vos parties et sous-parties (que vous soyez en accord ou en désaccord avec celles-ci). Pour cela, un moyen efficace de montrer votre capacité d’argumentation est d’opter dans la rédaction de chaque paragraphe pour une structure du type « Idée / argument / fait et exemples ».

Par exemple, vous décidez d’appuyer votre raisonnement en faisant un paragraphe sur l’idée que le secret est un fondement et un prérequis de la démocratie [c’est l’idée du paragraphe]. Vous illustrez cette proposition par les arguments suivants : il ne peut pas y avoir de démocratie sans liberté d’opinion (argument 1) et l’expression du vote de chaque citoyen ne peut se faire que si le vote est secret (argument 2). Ensuite, chacun des arguments peut être illustré par un ou plusieurs exemples. Pour illustrer l’argument que la démocratie suppose un vote à bulletin secret pour fonctionner, vous pouvez prendre un exemple dans lequel un vote à bulletin non secret provoque des tentatives d’influence ou d’intimidation.

Idéalement, dans un paragraphe dans lequel vous défendez une idée, vous étayez celle-ci par 3 arguments différents, eux même soutenus par 3 exemples (plus ou moins détaillés). Mais ce schéma des 3 arguments et 3 exemples n’est que rarement respecté en pratique, dans les conditions du concours.

3) Votre capacité à analyser

Une autre compétence que vous devez développer est votre capacité d’analyse. Celle-ci vous servira tout d’abord pour analyser le sujet qui vous sera posé. Elle vous servira également à soutenir votre argumentation, notamment en tirant les bons enseignements des exemples et des arguments que vous évoquez.

Pour retrouver les conseils pour améliorer votre analyse du sujet, je vous invite à lire la partie que je consacre à l’analyse des termes du sujet dans mon article sur l’introduction.

Là encore, comme pour votre capacité à problématiser, la meilleure clé pour développer votre capacité d’analyse est de vous entrainer sur des situations réelles. Pour cela, vous pouvez travailler sur des analyses de sujets, mais également sur des points d’argumentation. Par exemple, prenez l’idée que le secret est un fondement de la démocratie et chercher tous les arguments que vous pouvez trouver sur cette idée. Ensuite, faites la même chose sur l’idée inverse (ie. Que le secret est néfaste et détruit la démocratie, y compris dans ses fondements).

4) Votre capacité à synthétiser

Votre capacité d’analyse doit être travaillée en parallèle de votre capacité de synthèse. La dissertation que vous allez réaliser le jour du concours est en effet aussi un exercice de synthèse. Vous devez être en capacité de hiérarchiser les idées, arguments et exemples que vous avez réunis avant de rédiger votre dissertation. L’idée est de pouvoir passer plus de temps lors de vos développements sur les points qui sont réellement importants.

Développez les arguments et les exemples les plus importants, et contentez vous de mentionner ou de développer de manière moins poussée les autres arguments. La manière que j’utilisais était très simple. Sur mon brouillon, je listais l’ensemble des idées, arguments et exemples que j’avais trouvé sur le sujet. Ensuite, je numérotais chaque idée pour savoir très précisément celles sur lesquelles insister et les autres.

Au niveau de la hiérarchisation, vous pouvez prioriser les arguments en fonction de leur force, en fonction des références que vous avez sur le sujet, en fonction de votre connaissance du sujet etc.

5) Votre capacité d’érudition et votre capacité à être original

Dernier point, et qui peut avoir son importance pour vous démarquer des autres candidats, c’est votre capacité d’érudition et votre originalité. Les concours des Sciences Po sont des concours extrêmement sélectifs et la majorité des candidats maitriseront les connaissances incontournables sur le thème ou le sujet que vous devez traiter. Le jury vous attendra d’ailleurs sur les références incontournables du sujet qui est posé.

En revanche, vous pouvez faire une vraie différence en étant original, en suscitant la curiosité du jury. Cela peut passer par des exemples/références/arguments auxquels on ne pense pas de prime abord sur un sujet quelconque et que vous mobilisez à bon escient. Cela peut passer par un type d’exemples bien particulier (je vous propose parfois dans mes conseils de lectures, des ouvrages littéraires, ou des articles sur les films). On peut penser à des tableaux, pièces de théâtre ou encore des exemples sur le monde animal (sur le thème de la révolution, vous pouvez peut-être construire une fiche sur les luttes dans les groupes animaux par exemple).

Conclusion

Accumulez des connaissances, mais pensez également à travailler l’ensemble des points que j’ai développé dans cet article. Cela fera une vraie différence le jour J


4 commentaires

Eurydice · 21 octobre 2020 à 12 h 12 min

Bonjour,

En ce qui concerne l’argumentation, doit-on obligatoirement citer des écrivains/philosophes/sociologue etc.. pour appuyer nos arguments ?

    Pierre · 26 octobre 2020 à 12 h 30 min

    Bonjour Eurydice et merci pour ton commentaire,

    Il est toujours mieux de pouvoir s’appuyer sur une référence (littéraire, philosophique ou autre) pour donner du poids à l’argumentation. Mais c’est surtout une question de « dosage ». Si tous vos arguments précédents étaient solidement appuyés par des références, le jury acceptera plus facilement qu’un argument ne soit pas accompagné par une référence.
    Si vous n’avez pas de référence à citer en lien avec votre argument, vous pouvez prendre des exemples (historique, géographique ou d’actualité). Ils ont moins de poids que des références mais permettent d’éviter de donner l’impression que vous assenez des arguments non justifiés.

    Bonne lecture sur le blog,
    Pierre

Idées de sujets sur les thèmes « La guerre » et « L’image » – Concours IEP · 10 janvier 2020 à 12 h 31 min

[…] puisque s’entrainer (en condition réelle) est le meilleur exercice pour acquérir les bonnes compétences pour intégrer un Sciences Po. Si vous n’avez pas le temps de bloquer plusieurs heures pour […]

Concours Sciences Po : comment bien démarrer son année ? – Concours IEP · 1 septembre 2020 à 15 h 58 min

[…] fiches vous permettent uniquement de maitriser le programme, mais en aucun de répondre aux autres attendus du jury. Le concours des IEP ne demande pas de vérifier que vous connaissez un programme défini (au […]

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *