
Lexique et définitions sur le numérique (suite) : Intelligence artificielle, blockchain, RGPD…
Je vous propose aujourd’hui une suite à mon article sur le lexique des termes liés au domaine du numérique. Ce thème, au programme de l’épreuve de questions contemporaines du concours commun, contient de nombreux termes techniques liés soit aux innovations et aux technologies, soit aux règlementations et aux enjeux liés à celle-ci.
L’intelligence Artificielle (« IA »)
L’intelligence artificielle concerne l’ensemble des techniques qui visent à permettre à une machine de simuler l’intelligence. Les domaines d’application sont extrêmement vastes (Cela va des programmes informatiques de jeux d’échecs, aux assistants personnels intelligents, et aux robots). Ce domaine a été développé grâce aux travaux d’Alan Turing, dans les années 1950. L’amélioration des puissances de calcul des processeur, ainsi que des techniques algorithmique et du volume de données disponibles permettent depuis les années 2000 une augmentation considérable des champs d’application. Les enjeux et questions posées par l’émergence de l’IA sont nombreuses : les machines peuvent elles penser et être intelligence? (pouvoir est entendu ici comme « être capable » mais aussi « avoir le droit »). Le développement des dispositifs d’intelligence artificielle posent des questions morales mais également en terme de responsabilité. Par exemple, de nombreux débats existent autour des voitures autonomes. (s’il y a un accident, qui est responsable? ou encore comment la machine intègre t elle des considérations morales ou éthiques?)
La Blockchain
Cette technologie a connu un écho international avec l’émergence des crypto-monnaies, dont le bitcoin. Au delà de ce champ d’application, cette technique permet une révolution importante, qui est de créer ou de permettre l’émergence de systèmes d’échanges, d’archivage, ou de contractualisation sans l’intervention d’un « tiers de confiance ». Il s’agit en effet d’un système de cryptographie via l’émergence d’un consensus entre les pairs présents dans la blockchain. Pour parler simplement, l’ensemble des échanges (transactions, échanges, contrats, … ) sont accessibles par tous les acteurs de la blockchain à tout moment, et ne peuvent être modifiés sans consensus/validation de ceux ci. A partir de cette technologie, on peut mettre en place des systèmes financiers, des cadastres etc. qui sont publics et non centralisés. L’émergence de cette technologie pourrait donc représenter un danger pour certaines institutions (par exemple les notaires, ou les banques qui endossent actuellement ce rôle de tiers de confiance).
RGPD (Le Règlement Général sur la Protection des Données)
Il s’agit d’un règlement de l’Union Européenne qui régit les données à caractère personnel (leur collecte, leur utilisation, leur maîtrise…). Il vise à protéger l’utilisation des données personnelles via un certain nombre de dispositifs comme par exemple l’encadrement du profilage, la demande du consentement explicite lors de la collecte de données, le droit à l’oubli… RGPD a été promulgué en 2016 et peut déboucher sur des sanctions financières importantes pour les organisations qui ne seraient pas en règle (jusqu’à 4% du chiffre d’affaires pour une entreprise).
Vous pouvez consulter ma fiche de synthèse ICI.
La CNIL
La Commission Nationale Informatique et Liberté est une institution administrative française visant à protéger les citoyens vis à vis de l’informatique. Elle possède six missions principales : « informer, réguler, protéger, contrôler, sanctionner, anticiper ».
Les deux thèmes au programme de l’épreuve de questions contemporaines du concours commun des Instituts d’Études Politiques sont « le secret » et « le numérique« . Je vous propose de faire dans cet article un tour d’horizon de 5 erreurs à éviter dans votre dissertation sur le thème « le numérique ».
1) Erreur n°1 : Ne pas évoquer les aspects techniques de la « révolution » numérique.
Le niveau d’exigence du concours des Instituts d’Études Politiques demande aux candidats d’apporter une réflexion détaillée et en profondeur sur le thème abordé. La difficulté du thème « Le numérique » réside dans le fait qu’il est sujet à de nombreuses évolutions techniques très récentes et qui n’ont pas encore toutes été documentées par l’ensemble des disciplines académiques.
Sur ce thème, il sera donc nécessaire de détailler les principales innovations technologiques liées au numérique, en expliquant d’une part, leur fonctionnement de manière synthétique, et d’autre part les impacts concrets et réels qu’elles peuvent avoir.
Je vous conseille de préparer des fiches résumant ces deux aspects (expliquer la technologie en détail, et les impacts qu’elle engendre). Voici quelques exemples de fiches à réaliser :
le Big Data, l’intelligence artificielle (ou plutôt les intelligences artificielles), le deep learning, l’internet des objets et les objets connectés, le Cloud etc.
Si vous ne le faites pas, le jury risque de penser que vous réalisez une dissertation généraliste, portant sur les objets que vous n’avez pas vraiment étudié.
2) Erreur n°2 : Se focaliser uniquement sur les aspects techniques.
Un risque important du thème « Le numérique » concerne le fait de se focaliser exclusivement sur les innovations techniques et technologiques. Il convient de garder à l’esprit que l’épreuve du concours commun est une épreuve de questions contemporaines et non pas une épreuve de spécialité. Il est donc au moins aussi important de remettre les innovations techniques du numérique dans les grands enjeux et débats de société, que de se focaliser sur l’innovation étudiée en elle-même.
Pour faire clair, le jury du concours ne vous proposera pas un sujet sur le fonctionnement du Big Data. En revanche, il peut être amené à vous proposer un sujet qui devrait (si vous l’avez analysé correctement) vous amener à développer des réflexions sur notre liberté (de choix, de pensée…) à l’heure où des technologies (dont le big data) peuvent modéliser et prédire nos choix ou nos comportements.
La difficulté de l’épreuve provient du fait qu’il faut trouver le bon niveau de maille entre d’une part le fait de montrer au jury que vous maitrisez le fonctionnement des technologies et innovations du numérique (sans pour autant l’assommer de détails), et d’autre part le fait de montrer que vous savez replacer les impacts et enjeux dans une vision plus macro (les grands débats politiques et de société).
3) Erreur n°3 : avoir une vision manichéenne des évolutions engendrées par le numérique.
Le thème du numérique est sujet à de nombreux articles journalistiques, ou reportages. D’une manière générale, il vaut adopter une distance critique envers l’actualité de ce thème. On trouve en effet beaucoup d’articles pointant les dangers du numérique (je vous invite à faire une recherche Google sur les dangers du numérique par exemple). On en trouve également beaucoup sur les innovations technologiques et ce qu’elles apportent (en particulier de la part de fan, et d’entreprises « spécialisées » dans le numérique).
Je vous déconseille fortement d’exprimer un seul de ces points de vue dans votre copie le jour du concours. Vous risqueriez d’être fortement pénalisé (et à juste titre) par votre correcteur. On attends en effet du candidat qu’il prenne de la hauteur par rapport aux débats de la presse et de l’actualité, et qu’il puisse synthétiser différentes visions ou point du vue pour éventuellement développer une opinion propre.
Je vous conseille également de ne pas vous inspirer de ce clivage pour réaliser votre plan. C’est en effet le type de plan à éviter fortement puisque beaucoup de candidats, spécialement les candidats les moins bien préparés, utiliseront un plan de ce type, même s’il n’est pas adapté au sujet. Si vous souhaitez des conseils sur le plan Sciences Po, je vous recommande de lire mon article traitant de ce sujet.
4) Erreur n°4 : ne pas replacer les débats liés au numérique aux grands enjeux humains (éthiques, sociaux, économiques, philosophique ou politiques…)
L’épreuve de questions contemporaines n’est pas une épreuve d’actualité pure ou de spécialité. Un bon candidat devra être en capacité d’allier plusieurs qualités :
Les enjeux du thème du numérique sont à mon sens de plusieurs ordres :
5) Erreur n°5 : oublier l’actualité du thème du numérique.
J’ai répété plusieurs fois dans cet article qu’il faut se détacher de l’actualité, et surtout de ses débats polémiques. Il ne faut néanmoins pas l’occulter totalement. En effet, le thème du numérique étant relativement récent, il suscite des actualités importantes à prendre en compte. On peut citer par exemple la mise en place du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) en mai dernier.
L’actualité est également un bon moyen de fournir des exemples illustrant certaines de vos idées et arguments. Si vous discutez par exemple de l’impact du numérique sur la valeur de l’égalité dans nos société, vous pouvez évoquer les débats d’actualité sur la neutralité du net aux USA.
Une caractéristique importante du thème du numérique, et qui peut vous permettre de sortir d’une réflexion articulée uniquement sur les aspects positifs vs les aspects négatifs du numérique, est également le sujet de la réglementation de la sphère du numérique. Le numérique (ses acteurs, ses technologies etc.) se sont développés en grande partie en dehors (voire en rejet) des lois et règlements, ce qui est à la source de nombreux des dangers du numérique.