Catégorie : Questions Contemporaines

Retrouvez ici tous nos conseils pour réussir l’épreuve de questions contemporaines au concours commun des Instituts d’Etudes Politiques (IEP).

Les conseils de lecture sont accessibles ICI

Idées de sujets sur les thèmes « La guerre » et « L’image »

Idées de sujets sur les thèmes « La guerre » et « L’image »

Vous avez été nombreux à me demander par mail ou via les commentaires des idées de sujets sur les thèmes de questions contemporaines du concours 2020 de l’IEP d’aix (concours d’entrée en deuxième année). Pour rappel, les thèmes sont cette année « la guerre« , et « l’image » (voir mes conseils de lecture dans cet article).

Et vous avez parfaitement raison puisque s’entrainer (en condition réelle) est le meilleur exercice pour acquérir les bonnes compétences pour intégrer un Sciences Po. Si vous n’avez pas le temps de bloquer plusieurs heures pour réaliser entièrement le sujet (jusqu’à la rédaction complète d’une copie), je vous conseille a minima de réaliser les étapes d’analyse du sujet, de problématisation, l’ébauche de plan et la rédaction de l’introduction.

Idées de sujets croisés

Comme souvent, les thèmes de questions contemporaines peuvent donner lieu à des sujets croisés, auquel il est intéressant de se préparer avant le concours. Je vous en propose trois. Les deux premiers sujets sont attendus, mais le troisième est un peu moins dans le thème de l' »image ». Cependant, la question de l’opinion publique (un sujet régulièrement abordé en science politique ou en culture générale) permet de mobiliser des réflexions liées à l’image et ses perceptions.

1/ La guerre de l’image

2/ L’image est-elle une arme ?

3/ Peut-on gagner une guerre sans gagner l’opinion publique?

Idées de sujets sur le thème de la guerre

Y a-t-il des guerres légitimes?

Qui gagne les guerres?

Comment sortir de la guerre? [ Ce sujet a été donné en histoire au concours de Sciences Po Paris, sur lequel j’ai fait une analyse. Il a beaucoup de résonances contemporaines avec les difficultés des puissances occidentales à sortir des lieux de conflits récentes ]

Peut on vraiment gagner une guerre?

Les nouvelles guerres/guerres sans armes/sans soldats/sans victimes.

Idées de sujets sur le thème de l’image

Faut-il sauver les apparences ?

Peut-on encore maitriser son image ? / Possède-t-on encore son image ?

Les images montrent-elles toujours la réalité ?

Les films à voir sur le thème Révolutions

Les films à voir sur le thème Révolutions

Comme chaque année, je vous propose dans cet article une liste de film à regarder sur le thème « Révolutions » pour l’épreuve de questions contemporaines du concours commun des iep de province 2020 et 2021.

Cette liste présente quelques avantages. Le premier vient du fait que regarder un film vous permet de « travailler » un thème sur votre temps libre, en vous détendant. Attention, cependant. Je vous conseille tout de même de réaliser une fiche lorsque vous regardez un film en rapport avec le thème, de la même manière que vous le feriez pour un livre ou un article scientifique.

Le deuxième avantage vient du fait que citer un film pour illustrer un argument ou une idée vous permet de vous distinguer des autres candidats et de diversifier vos exemples.

Dernier avantage pour les plus déterminés et les plus courageux d’entre vous, cela peut être l’occasion de travailler la langue étrangère que vous avez choisi pour le concours. Rien ne vous empêche en effet de regarder les films dans la langue choisie pour le concours, que ce soit en version sous titrée ou non.

1) Les films de Serguei Eisenstein

Ces films ont largement été utilisés à des fin de propagande par l’URSS (et vous pourrez ainsi également citer ceux-ci pour illustrer votre copie d’histoire par exemple sur la propagande soviétique). Parmis les films d’Eisenstein, je vous recommande  » Octobre  » (1927) ,  » Le cuirassé Potemkine  » (1925) et Ivan Le Terrible (1946)

Acheter les films d’Eisenstein.

2) Viva Zapata de Elia Kazan

Ce film, dont le scénario a été écrit par John Steinbeck, relate la vie du révolutionnaire mexicain Emiliano Zapata. Ce leader de la révolution mexicaine de 1910 défendait les paysans sans terre mexicain. Outre l’exemple historique, le film vous permettra également d’argumenter sur le fait que l’accession au pouvoir corrompe (ou pas, dans le cas de Zapata tel que représenté dans le film) les idéaux révolutionnaires d’origine.

Acheter le film Viva Zapata.

3) Spartacus de Stanley Kubrick

Ce peplum de Kubrick retrace l’histoire de la révolte des esclaves à Rome. Ce film, dont les deux scénaristes étaient victimes de la chasse aux sorcières, est également un film politique dans le sens où ses créateurs ont adapté l’histoire pour en faire une illustration de la lutte des classes. Ce film est également un des meilleurs peplum.

Acheter le film Spartacus

Qu’est ce que le jury de Sciences Po attends de vous?

Qu’est ce que le jury de Sciences Po attends de vous?

Lorsque j’ai commencé à réviser pour intégrer un Institut d’Etudes politiques, en terminale, je me suis focalisé sur un point particulier : l’accumulation de connaissance. J’ai commencé à ficher des livres, des manuels etc… mais je suis passé à côté d’une étape fondamentale dans ma préparation au concours. Et j’ai raté les concours cette année-là ! Cette étape importante était de m’interroger sur les attendus du jury, ses critères d’évaluation, et donc sur les compétences que je devais travailler, au-delà de la seule accumulation de connaissances théoriques.

Lors de mes échanges avec les lecteurs, je m’aperçois qu’une part importante d’entre vous se focalise sur les livres à lire, les chapitres à ficher… au lieu de se demander concrètement sur quels aspects ils doivent travailler en priorité. Cet article a donc pour objet de vous présenter les aptitudes et compétences que vous devez acquérir et développer pour réussir le concours de Sciences Po.

                Cet article n’a pas pour but de vous dire de ne pas ficher de manuels ou acquérir des connaissances théoriques sur les thèmes des différents concours. Les concours des IEP sont très sélectifs et vos connaissances sont un prérequis indispensable. Mais c’est le strict minimum pour ne pas être éliminé. Tous les candidats sérieux auront appris les connaissances et références incontournables des programmes d’histoire, de culture générale ou de questions contemporaines. Là où vous pourrez (et devez) faire la différence, c’est sur votre capacité à mettre en évidence les qualités que recherche le jury.

1) Votre capacité à problématiser

C’est la première chose qu’évaluera le correcteur, et cette partie constituera près de la moitié de votre note finale. Il est donc primordial de travailler cet aspect des choses. Une copie avec une bonne problématique et peu de références sera mieux notée qu’une copie ayant beaucoup de références mais pas de problématisation ou une fausse problématique. Le meilleur moyen de travailler cet aspect est de vous entrainer de la manière suivante :

  • Tout d’abord, en travaillant en condition réelle, sur des sujets (par exemple, sur mes propositions de sujets sur le thème « Le secret ») : bloquez vous un créneau, et réalisez une analyse du sujet comme si vous étiez le jour du concours. A ce stade, vos connaissances ne sont pas importantes. Vous pouvez problématiser des sujets et des thèmes sur lesquels vous n’avez pas de connaissances théoriques. L’objectif est de s’entrainer à déceler des contradictions, et à formuler des problématiques.
  • Ensuite, lorsque vous aurez acquis une certaine habitude et des réflexes, en imaginant des exemples de sujet. S’interroger sur les sujets qui pourraient tomber peut-être une bonne méthode puisque conditionne votre esprit à chercher des sujets réellement intéressant (donc avec une problématique).

Il est d’autant plus important de travailler votre problématisation que le jury arrivera très facilement à voir si vous avez ou non analysé et problématisé votre sujet : il lui suffira en effet de lire uniquement votre introduction. Retrouvez ici mes conseils pour faire une introduction percutante.

2) Votre capacité à argumenter

Le deuxième point sur lequel le jury va vous évaluer est votre capacité à argumenter, à défendre les positions que vous prenez lors de votre raisonnement. Autrement dit, il s’agit d’être convaincant dans les idées que vous détaillez dans vos parties et sous-parties (que vous soyez en accord ou en désaccord avec celles-ci). Pour cela, un moyen efficace de montrer votre capacité d’argumentation est d’opter dans la rédaction de chaque paragraphe pour une structure du type « Idée / argument / fait et exemples ».

Par exemple, vous décidez d’appuyer votre raisonnement en faisant un paragraphe sur l’idée que le secret est un fondement et un prérequis de la démocratie [c’est l’idée du paragraphe]. Vous illustrez cette proposition par les arguments suivants : il ne peut pas y avoir de démocratie sans liberté d’opinion (argument 1) et l’expression du vote de chaque citoyen ne peut se faire que si le vote est secret (argument 2). Ensuite, chacun des arguments peut être illustré par un ou plusieurs exemples. Pour illustrer l’argument que la démocratie suppose un vote à bulletin secret pour fonctionner, vous pouvez prendre un exemple dans lequel un vote à bulletin non secret provoque des tentatives d’influence ou d’intimidation.

Idéalement, dans un paragraphe dans lequel vous défendez une idée, vous étayez celle-ci par 3 arguments différents, eux même soutenus par 3 exemples (plus ou moins détaillés). Mais ce schéma des 3 arguments et 3 exemples n’est que rarement respecté en pratique, dans les conditions du concours.

3) Votre capacité à analyser

Une autre compétence que vous devez développer est votre capacité d’analyse. Celle-ci vous servira tout d’abord pour analyser le sujet qui vous sera posé. Elle vous servira également à soutenir votre argumentation, notamment en tirant les bons enseignements des exemples et des arguments que vous évoquez.

Pour retrouver les conseils pour améliorer votre analyse du sujet, je vous invite à lire la partie que je consacre à l’analyse des termes du sujet dans mon article sur l’introduction.

Là encore, comme pour votre capacité à problématiser, la meilleure clé pour développer votre capacité d’analyse est de vous entrainer sur des situations réelles. Pour cela, vous pouvez travailler sur des analyses de sujets, mais également sur des points d’argumentation. Par exemple, prenez l’idée que le secret est un fondement de la démocratie et chercher tous les arguments que vous pouvez trouver sur cette idée. Ensuite, faites la même chose sur l’idée inverse (ie. Que le secret est néfaste et détruit la démocratie, y compris dans ses fondements).

4) Votre capacité à synthétiser

Votre capacité d’analyse doit être travaillée en parallèle de votre capacité de synthèse. La dissertation que vous allez réaliser le jour du concours est en effet aussi un exercice de synthèse. Vous devez être en capacité de hiérarchiser les idées, arguments et exemples que vous avez réunis avant de rédiger votre dissertation. L’idée est de pouvoir passer plus de temps lors de vos développements sur les points qui sont réellement importants.

Développez les arguments et les exemples les plus importants, et contentez vous de mentionner ou de développer de manière moins poussée les autres arguments. La manière que j’utilisais était très simple. Sur mon brouillon, je listais l’ensemble des idées, arguments et exemples que j’avais trouvé sur le sujet. Ensuite, je numérotais chaque idée pour savoir très précisément celles sur lesquelles insister et les autres.

Au niveau de la hiérarchisation, vous pouvez prioriser les arguments en fonction de leur force, en fonction des références que vous avez sur le sujet, en fonction de votre connaissance du sujet etc.

5) Votre capacité d’érudition et votre capacité à être original

Dernier point, et qui peut avoir son importance pour vous démarquer des autres candidats, c’est votre capacité d’érudition et votre originalité. Les concours des Sciences Po sont des concours extrêmement sélectifs et la majorité des candidats maitriseront les connaissances incontournables sur le thème ou le sujet que vous devez traiter. Le jury vous attendra d’ailleurs sur les références incontournables du sujet qui est posé.

En revanche, vous pouvez faire une vraie différence en étant original, en suscitant la curiosité du jury. Cela peut passer par des exemples/références/arguments auxquels on ne pense pas de prime abord sur un sujet quelconque et que vous mobilisez à bon escient. Cela peut passer par un type d’exemples bien particulier (je vous propose parfois dans mes conseils de lectures, des ouvrages littéraires, ou des articles sur les films). On peut penser à des tableaux, pièces de théâtre ou encore des exemples sur le monde animal (sur le thème de la révolution, vous pouvez peut-être construire une fiche sur les luttes dans les groupes animaux par exemple).

Conclusion

Accumulez des connaissances, mais pensez également à travailler l’ensemble des points que j’ai développé dans cet article. Cela fera une vraie différence le jour J !

Conseils de lecture sur le thème de la « Guerre » et de « l’image » pour l’épreuve de questions contemporaines au concours d’entrée en 2ème année de Sciences Po Aix

Conseils de lecture sur le thème de la « Guerre » et de « l’image » pour l’épreuve de questions contemporaines au concours d’entrée en 2ème année de Sciences Po Aix

L’Institut d’Études Politiques d’Aix en Provence a dévoilé il y a peu les thèmes et le calendrier du concours d’entrée en seconde année pour 2020. Le concours aura lieu cette année le samedi 28 mars.

Initialement prévu le même jour que le concours de Sciences Po Lyon en deuxième année (concours sciences sociales, sur lequel je vous ai fais un article accessible ici), une date plus adaptée a finalement été adoptée. Il aurait en effet été curieux que les deux IEP ne se concertent pas pour permettre aux étudiants préparant les concours d’entrée de passer les deux concours.

Pour rappel, le concours d’entrée en 2eme année de Sciences Po Aix présente la particularité de disposer, comme le concours commun en 1ere année, d’une épreuve de dissertation en questions contemporaines avec deux thèmes.

Les thèmes pour le concours 2020 sont :

« La Guerre » et/ou « l’image »

Comme pour les autres années et les autres concours, je vous propose un article sur mon avis et les conseils de lecture pour réussir au mieux cette épreuve.

Le thème de « La Guerre »

C’est un thème intéressant et qui touche à la fois à la philosophie, aux relations internationales, à la science politique et à l’histoire. Parmi les questions intéressantes à se poser, j’en retiens quelques unes : qu’est ce qu’une guerre ? (ou quelles sont les mutations que connaissent les guerres ? cf. les cyber guerre, la guerre « économique » etc etc), ou pourquoi les guerres persistent elles dans un monde où la mondialisation et la multiplication des échanges devraient faire baisser la conflictualité ?

Parmi les références philosophiques à invoquer, vous pouvez étudier la doctrine du « doux commerce » de Montesquieu, le concept de « guerre juste » de Thomas d’Acquin ou encore Kant et son projet de paix perpétuelle. Il est souvent peu conseillé de lire et de ficher les œuvres philosophiques pour préparer efficacement le concours de Sciences Po  car vous risquez d’y passer beaucoup de temps, pour un bénéfice pas évident. Je vous recommande d’étudier ces théories via des synthèses ou fiches de lecture.

Clausewitz, De la Guerre

Un des auteurs centraux du thème de la guerre est Clausewitz et son ouvrage De la Guerre, mais tous les chapitres ne seront pas utiles pour le concours. Je vous recommande de lire et de ficher uniquement les Livre 1 et 2. Le livre 1 (intitulé « De la nature de la guerre ») analyse le concept de guerre, et le livre 2 (intitulé « de la théorie de la guerre » analyse l’intérêt et les limites d’une théorie de la guerre).

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Sun Tzu, L’art de la Guerre

C’est un ouvrage majeur de la stratégie militaire orientale et occidentale. Il s’agit d’un ouvrage court, découpé en 13 chapitres, dans lequel l’auteur analyse à chaque fois, de façon rationnelle, une des dimensions de la guerre. L’auteur considère que la guerre est nécessaire à la survie des États mais doit être envisagée au regard des coûts qu’elle engendre (économiques, moraux, politiques…).

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Bruno Tertrais, La guerre

Les livres de la collection « Que sais-je » sont bien connus des étudiants et présentent des synthèses courtes et efficaces pour maîtriser un thème ou un sujet. C’est donc tout naturellement que je vous recommande cet ouvrage qui vous permettra d’optimiser vos révisions sur le sujet.

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Henri Barbusse, le Feu ou Erich Maria Remarque, A l’ouest rien de nouveau

Les deux livres sont des classiques de littérature sur la première guerre mondiale et vous permettront de mettre des mots et de maitriser des références sur le quotidien des soldats et la barbarie de la guerre. Si vous souhaitez une référence liée à la guerre d’Espagne, je vous conseille Pour qui somme le glas de Ernest Hemingway, et pour une référence littéraire sur la deuxième guerre mondiale, je vous conseiller Education Européenne de Romain Gary.

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Le thème de l’image

Ce thème paraît a priori plus complexe que celui de la guerre car il est plus flou, et moins facilement accessible. Il me paraît néanmoins bien plus intéressant car il pourra vous permettre d’invoquer de multiples réflexions et analyses et vous permettront d’être original dans votre dissertation, et ainsi de vous démarquer des autres candidats.

Je vous recommande néanmoins quelques livres importants de mon point de vue.

Erving Goffman, La mise en scène de la vie quotidienne

C’est un ouvrage central de sociologie, qui explique comment les individus agissent au quotidien, en particulier dans leurs relations avec les autres. Il reprend la métaphore du théâtre pour expliquer les comportements des individus. Il montre que l’image qu’on renvoie est extrêmement importante pour comprendre les actions des gens.

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Pierre Bourdieu

Pierre Bourdieu a également largement contribué à l’analyse des images via ses théories sur les goûts et les styles de vie. Son ouvrage majeur « La distinction » est très volumineux et un peu dur d’accès. Je vous recommande donc deux ouvrages plus petits et plus focalisés sur deux médias de l’image. La télévision dans son ouvrage « Sur la télévision » et la photographie dans son ouvrage « Un art moyen : essai sur les usages sociaux de la photographie ».

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Acheter Sur la télévision

Acheter Un art moyen

Roland Barthes, Mythologies

Dans cet ouvrage, Roland Barthes décrypte des mythes, qu’il définit comme un outil d’idéologie. Il analyse le signifiant et le signifié des images qu’il analyse.

Acheter Mythologies

Comment faire une introduction percutante ?

Comment faire une introduction percutante ?

L’article d’aujourd’hui traite d’un sujet particulièrement important dans l’optique de la réussite de votre concours : l’introduction de votre dissertation.

C’est en effet la partie la plus délicate de votre composition. Il s’agit tout d’abord de la première impression que le correcteur aura de votre travail, et il convient donc de soigner celle-ci. Pour avoir corrigé à plusieurs reprises des copies de concours blancs, force est de constater que, à la fin de la lecture de l’introduction, le correcteur a déjà une idée précise de la fourchette de note qu’il attribuera à la copie. L’introduction est ensuite la partie de la dissertation qui révèle si les étapes d’analyse du sujet et de problématisation ont été réalisées. Une introduction sans réelle problématisation sera généralement extrêmement plate et banale à la lecture. Une introduction avec une analyse partielle ou erronée du sujet (et des mots-clés qui le compose) sera également immédiatement identifiée et décèlera un hors sujet, ou un traitement partiel de celui-ci.

1) Respectez les étapes et les attendus de l’introduction

La dissertation est un exercice qui est défini par un certain nombre de règles formelles que vous devez impérativement respecter. Ne pas suivre la forme demandée conduira le correcteur à vous sanctionner. Les attendus indispensables de votre dissertation sont les suivants : une analyse et une définition des termes du sujets, une problématique pertinente et l’annonce du plan de votre argumentation (donc de la dissertation).

a) L’accroche du sujet

L’accroche de l’introduction n’est à mon sens pas indispensable et est à réserver uniquement si vous tenez une « bonne accroche » (pertinente et originale). Mieux vaut ne pas vous forcer à intégrer une accroche plutôt que de faire une accroche banale voire inexacte (évitez les poncifs du type « de tout temps, …  » ou  » Les gens pensent généralement que … « ).

b) l’analyse des termes du sujet

Cette étape est le prérequis indispensable à la construction de votre problématique et c’est une étape qui ne doit pas être négligée. Une analyse trop rapide peut vous faire rater un aspect du sujet ou même vois conduire à un hors-sujet. À titre personnel, je recommande de passer minimum 20 à 30 minutes sur cet aspect. Une analyse rigoureuse vous permettra de plus de construire une problématique pertinente.

Le moyen que j’utilisais pour l’analyse du sujet était de réécrire l’intitulé exact du sujet au milieu d’une feuille de brouillon, et de passer en revue un à un chaque mot du sujet, sans en oublier aucun. Certains sont bien entendu beaucoup plus importants que d’autres mais cette méthode permet de n’en publier aucun. La deuxième étape était de définir chaque mot, puis de me poser les questions suivantes « pourquoi ce mot a-t-il été utilisé? » et « quel autre mot aurait pu être utilisé? ». Les éléments importants sont notés sur la feuille de brouillon et reliés au mot étudié. Cela évite d’oublier des aspects importants du sujet, et surtout cela permet de se mettre dans une posture de recherche de problématique. Le fait de se demander pourquoi tel ou tel mot a été utilisé met en effet votre esprit dans une optique de recherche de la question suivante « pourquoi le jury m’a posé cette question? ».

c) une problématique pertinente

Si votre étape de définition des termes du sujet et votre analyse de celui-ci a été faite rigoureusement, vous serez vite en capacité d’identifier pourquoi le jury vous a posé ce sujet (et pas un autre). Il y a généralement plusieurs raisons pour laquelle le jury choisit un sujet au détriment d’un autre : la première est que le sujet présente une ou des problématiques intéressantes (et le jury attends alors de vous que vous identifiiez celle-ci et proposiez une réponse argumentée et pertinente, et non pas une réponse « café du commerce »), la deuxième est que le sujet présente un ou des enjeux importants (par enjeu, je veux dire un problème plus vaste et plus important qui se cache derrière le sujet. Par exemple, derrière le thème du secret peut se cacher un enjeu plus important qui peut être les fondements de la démocratie), le troisième est que le sujet choisi doit permettre d’échelonner les notes attribuée de manière efficace (il ne faut pas oublier que le but du concours est de « trier » les candidats).

Un bon moyen de mettre en évidence une problématique est de trouver une opposition interne au sujet. Celle-ci peut provenir directement de l’intitulé du sujet si c’est une question, de l’opposition ou du rapprochement entre deux termes du sujet etc. etc.

Attention cependant aux problématiques trop évidentes ! Je vous donne un exemple de sujet : L’individu contre la société. A première vue, la problématique qui vient vite à l’esprit est l’opposition entre l’individu d’une part, et la société qui tend à le contraindre. C’est d’ailleurs certainement la problématique qui émergera de la majorité des copies. Si vous avez appliqué la méthode d’analyse du sujet que je vous ai suggéré, vous allez devoir vous pencher sur le terme « contre ». Pourquoi le jury n’a pas intitulé le sujet « l’individu et la societé »? Et surtout, que recouvre le contre? Est-il uniquement une opposition ou ne peut-on pas comprendre « l’individu contre la société » au sens d’être appuyé, d’être adossé? (je suis appuyé contre un mur, par exemple). Vous voyez bien que chaque mot du sujet peut avoir son importance et faire évoluer la problématique que vous soumettrez au correcteur.

d) L’annonce du plan

Ai-je vraiment besoin de détailler cette étape? Il faut juste expliquer en quelques phrases le plan que vous allez suivre. Je vous déconseille les très scolaires « Dans un premier temps, … « , que vous pouvez facilement remplacer par une phrase du type « Si [le diplôme peut être vu comme un facteur d’inégalités importantes sur le marché du travail], [les nouvelles formes de travail montrent que son rôle se réduit…..] » .

2) Allez à l’essentiel

L’introduction étant la partie la plus importante de votre copie, n’ayez pas peur de développer celle-ci. Vous pouvez sans problème réaliser une introduction d’une page et demi, et en tout cas jamais en dessous d’une page. Je vous conseille néanmoins d’aller à l’essentiel lors de la rédaction de celle-ci, en évitant notamment les phrases trop alambiquées. Celle-ci doit être agréable à lire, et bien souvent cela passe par des phrases courtes, bien construites et reliées entre elles par des connecteurs logiques. Deux points me semblent particulièrement importants à retenir.

Le premier est assez simple à comprendre. Votre correcteur aura certainement un paquet de copie important à corriger. Vous ne savez pas si votre copie sera la 83ème copie de sa journée, ou s’il corrige celle-ci le soir, après une longue journée. Il y a de grandes chances que de nombreux candidats utilisent des arguments similaires, des références communes etc. etc. Il est possible qu’au moment de la lecture de votre copie, son esprit soit un peu moins concentré. Écrivez donc dans un style simple pour lui faciliter la tache. Cela lui permettra de mettre rapidement en évidence que vous avez bien défini les aspects du sujet, et mis en évidence une problématique.

Le deuxième tient au fait que la fonction de l’introduction n’est pas la même que les autres parties de la dissertation. Posez-vous la question de ce qui est évalué dans votre travail ( je ferai un article détaillé à ce sujet) : -Introduction : on cherche à évaluer votre capacité d’analyse du sujet, et votre capacité à formuler un problème.

-Développement : c’est votre érudition (les connaissances, références, exemples…), ainsi que votre capacité à argumenter qui sont évalués.

-Conclusion : c’est votre capacité de synthèse qui est évaluée.

On voit bien que le but de l’introduction n’est pas de montrer que vous maitrisiez beaucoup de références, mais uniquement de montrer que vous savez mettre en évidence une problématique et cadrer le sujet. Vous pouvez (et vous devez) faire simple à ce stade de la dissertation.

3) Travaillez sur la fluidité et l’originalité

Si les deux étapes précédentes sont acquises pour vous et ne vous posent pas de problèmes particuliers, vous pouvez vous atteler à améliorer ces deux derniers points, qui vous permettront de sortir du lot. J’insiste cependant sur le fait qu’il est indispensable de maitriser l’analyse du sujet et de la problématisation avant de vouloir travailler sur ce troisième volet.

Une des complexités de la rédaction d’une bonne introduction réside dans le fait qu’il faut définir les termes du sujet et faire émerger une problématique sans pour autant que cela soit trop « mécanique ». Il est donc impératif de travailler de manière fine votre introduction et je vous conseiller de rédiger celle-ci en intégralité au brouillon, pour construire un enchainement fluide depuis la définition des termes jusqu’à la problématique. Le moyen que j’utilisais pour vérifier que mon introduction était agréable à lire était de relire celle-ci, dans ma tête, mais comme si je devais la lire devant une assemblée de personnes.

Dernière axe de progrès, enfin, l’amélioration de votre originalité, pour vous démarquer. Cela peut se faire via le choix de références, l’utilisation de citations, l’utilisation d’exemples variés et qui sortent des sentiers battus. Le but est que le jury se rappelle de cette copie qui citait Molière sur un sujet n’ayant a priori pas de liens. Vous pouvez pour cela vous aider de références littéraires ou cinématographiques (voir par exemple mon article sur les références sur les révolutions ou le secret qui incluent des œuvres littéraires ou mon article sur les films : réviser l’épreuve de questions contemporaines avec quelques films ), en faisant par exemple une fiche avec les citations qui peuvent être utiles.

5 techniques pour réussir le concours de Sciences Po

5 techniques pour réussir le concours de Sciences Po

Cet article a été écrit en collaboration, avec Eliott, fondateur de Smart Prépa. Nous partageons une vision commune visant à vous fournir les clés essentielles pour vous aider à préparer les concours de Sciences Po et des IEP. Nous mettons davantage l’accent sur les bonnes méthodes de travail et de réflexion plutôt que sur l’accumulation de connaissance, sans problématisation. 

Eliott, est le fondateur de Smart Prépa et est passé par l’IEP d’Aix en Provence. Il nous révèle les 5 techniques pour réussir le concours des IEP ! Smart Prépa est une préparation en ligne pour les concours de Sciences Po (Paris, Grenoble, Bordeaux et IEP). Vous recherchez une préparation ? Lisez mes conseils pour bien choisir votre prépa.

Technique n°1 : Acquérir la méthodologie adaptée au concours visé

L’absence d’une méthodologie adaptée est la première cause d’échec au concours. Les candidats se focalisent bien trop souvent sur l’accumulation de connaissances (dates, évènements, auteurs). Si ces dernières sont importantes, encore faut- il savoir les utiliser ! Or, le concours demande une méthodologie différente du baccalauréat, en raison du format des épreuves (dissertation de questions contemporaines, analyse d’article en langues…) mais aussi en raison de l’aspect « compétitif » du concours. L’introduction par exemple requiert une analyse des termes du sujet plus fine et une réflexion plus poussée que celle attendue au baccalauréat. 

Technique n°2 : Travailler sur la problématisation

La problématisation est certainement l’élément de votre copie le plus regardé par le jury. Souvent, les candidats tombent dans deux types de pièges : d’une part, la problématique peut sembler être trop banale, sans réelle réflexion ni profondeur (de type « en quoi ? » ou « quelle évolution ? ») ; à l’inverse, elle peut vite devenir trop complexe et longue. Si le jury ne comprend pas votre problématique, il ne vous accordera pas les points. Il faut donc agir avec précision et profondeur lors de l’analyse du sujet (voir un exemple ici).

Technique n°3 : S’entraîner en conditions réelles

La gestion du temps est primordiale le jour du concours. Pourtant, de nombreux candidats n’ont en pas conscience, après de longs mois de préparation. Vos révisions doivent être rythmées d’épreuves blanches, dans les conditions du concours. Forcez- vous à vous isoler pour travailler les épreuves dans les durées pré-définies. Chez Smart Prépa, nous proposons des concours blancs en ligne, pour multiplier les entrainements. Recevez les sujets aux heures du concours et une correction personnalisée de vos copies en quelques jours pour comprendre vos erreurs et les corriger ! 

Technique n°4 : Aller à l’essentiel lors des révisions

Le risque majeur pour le candidat novice est de se perdre devant la montagne de travail et l’étendue des contenus. A ce titre, les thèmes de questions contemporaines sont extrêmement larges : une littérature abondante est par exemple disponible sur le thème des « Révolutions ». Pour éviter ce piège, il faut toujours cibler les informations qui possèdent une réelle utilité dans le cadre d’un sujet précis  (révolutions politiques par exemple). Ficher un livre complet peut être inutile quand une dizaine de pages seulement sont pertinentes dans le cadre de ce sujet restreint. Bref, révisez efficacement !

Technique n°5 : Travailler votre expression écrite et votre style

Pour sélectionner un candidat, le jury se base aussi sur l’impression générale de votre copie : clarté, orthographe, syntaxe, facilité de lecture. Avant tout, il faut adopter un style directe, sobre et factuel. Acquérir ce style d’écriture demande une certaine discipline et surtout beaucoup d’entraînement. Savoir écrire ne s’improvise pas! Ne négligez pas cet aspect, lisez beaucoup d’une part et entraînez vous en parallèle du lycée à soigner votre expression. 

Vous souhaitez travailler l’ensemble de ces aspects mais vous ne savez pas par où commencer ? Abonnez-vous dès aujourd’hui à notre newsletter !

Références et bibliographie sur le thème Révolutions

Références et bibliographie sur le thème Révolutions

Comme chaque année depuis l’ouverture de ce blog, je vous propose un article qui détaille les principales références et ouvrages à lire sur le nouveau thème de l’épreuve de questions contemporaines du concours commun des IEP de province. Le thème Révolutions sera au programme du concours commun pour les concours des années 2020 (pour les bacheliers des années 2019 et 2020) et 2021 (pour les bacheliers des années 2020 et 2021).

De nombreux manuels de synthèse vont sortir dans les prochains mois pour vous aider à préparer cette épreuve. Pour une préparation optimale, je vous conseille de ne pas attendre leur sortie et de profiter de l’été pour anticiper dans la lecture des ouvrages importants du thème.

La plupart de ces lectures sont des livres faciles d’accès, qui vous permettront une imprégnation en douceur dans le thème Révolutions. Dans un soucis d’efficacité dans votre préparation, je vous conseille de réaliser en parallèle de votre lecture, une fiche de lecture.

1 ) La condition humaine de André Malraux

J’avais déjà conseillé cet ouvrage dans mon article sur les conseils de lecture pour le thème sur les radicalités. Le livre raconte l’histoire de révolutionnaires chinois, qui préparent une révolution à Shangaï dans les années 1920.

Achetez La condition humaine ici

Achetez la fiche de lecture ici

2 ) Le manifeste du parti communiste de Karl Marx et Friedrich Engels (1848).

Cet ouvrage est un ouvrage court, de vulgarisation, de la pensée de Marx. Il résume la théorie politique du penseur et notamment la fameuse « dialectique de l’histoire » qui conduit à la Révolution. Marx est le penseur majeur de ce thème puisque c’est l’auteur qui a théorisé le concept de révolution, et sa place dans l’histoire et la lutte des classes. Sur ce thème, et de cet auteur vous pouvez également lire un autre ouvrage Le 18 brumaire de Louis Napoléon Bonaparte, dans laquelle il analyse un événement historique (le coup d’État de Napoléon) au regard de sa théorie.

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3) L’Ancien Régime et la révolution de Alexis de Tocqueville

Alexis de Tocqueville, surtout connu pour son ouvrage « De la Démocratie en Amérique« , a également analysé la Révolution Française. Il développe une thèse originale, à savoir que loin d’être une rupture, la Révolution Française de 1789 se caractérise par la continuité, voire le renforcement de tendances lourdes, comme la centralisation du pouvoir de l’État.

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Calendrier et dates du concours commun des IEP 2020

Calendrier et dates du concours commun des IEP 2020

Le calendrier des concours d’entrée 2021 est accessible dans cet article (CLIQUEZ ICI)

Mise à jour du 25/03/2020 : annulation du concours commun 2020. Retrouvez l’article détaillé ici. , ainsi que les modalités de sélection pour le concours 2020.

Mise à jour du 17/12/2019 : retrouvez mon article sur le programme du concours commun 2020, ainsi que mes conseils sur le thème du secret et des révolutions.

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Mise à jour du 04/10/2019 : Le calendrier complet de l’ensemble des concours d’entrée en première année (dates d’inscription, admissibilité, résultats etc.) est accessible dans cet article.

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Mise à jour du 10/07/2019 : Mises à jour suite aux dernières annonces du réseau ScPo.

Le concours commun 2020 aura lieu le samedi 18 avril 2020. L’inscription et la publication des résultats aux concours se fera désormais via Parcoursup à partir du concours commun 2020.

Le concours commun 2020 est aménagé à la marge : L’épreuve de questions contemporaines reste identique mais un seul thème changera chaque année (contre deux jusqu’alors). Le thème « Le secret » reste au programme du concours. L’épreuve d’histoire devient une épreuve d’analyse de document.

Toutes les informations sont disponibles sur le guide du candidat accessible ici .

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Les résultats du concours commun 2019 sont parus la semaine dernière.

Vous avez été admis? Félicitations !

Vous êtes sur liste d’attente? Patience, des places vont se libérer petit à petit et vous aurez peut-être une place pour intégrer un Institut d’Études Politiques en septembre.

Vous n’avez pas été reçu cette année? Pas de panique. Rappelez vous que les concours de Sciences Po sont parmi les plus sélectifs, et que vous pourrez repasser le concours commun en 2020 ou les concours d’entrée en 2ème année ou en 4ème année.

Le concours commun 2020

Pour les candidats au concours commun 2020, vous pouvez d’ores et déjà prendre connaissance des grandes dates pour la session 2020 du concours. Les dates définitives n’ont pas encore été communiquée officiellement par les IEPs du concours commun, mais cet article sera mis à jour au fil du temps.

Fin juin/début juillet 2019 : le réseau Sciences Po devrait publier, comme chaque année les thèmes de l’épreuve de questions contemporaines dans les semaines à venir. Les thèmes pour le concours 2020 sont « Le secret » et « Révolutions »

Fin Septembre – début octobre 2019 : le calendrier officiel du concours 2020 sera diffusé par les IEP du concours (date d’inscription, date du concours, date des résultats…)

Début février 2020 – début avril 2020 : les inscriptions au concours commun 2020 seront certainement ouvertes à compter de début février 2020. Elle devront être faite via Parcoursup.

18 avril 2020 : le concours aura lieu.

15-20 juin 2020 : les résultats d’admission devraient être publié fin juin 2020.

Ces informations seront mises à jour régulièrement, n’hésitez pas à revenir régulièrement !

En attendant les thèmes de questions contemporaines 2020, vous pouvez réviser les épreuves de langue et d’histoire, voire réviser ou relire vos classiques.

Analyse des sujets de questions contemporaines du concours commun 2019

Analyse des sujets de questions contemporaines du concours commun 2019

Les sujets de l’épreuve de questions contemporaines du concours commun 2019 sont :

– Faut-il tout dématérialiser ?

– Les institutions démocratiques peuvent-elles reposer sur le secret ?

Quelques réflexions et enseignements sur les sujets proposés :

Méthodologie de la dissertation et de l’analyse de sujet

La première chose qui m’a frappé en lisant les sujets de cet année, c’est la manière dont ils ont été formulé. Le sujet sur le numérique commence par « Faut-il … ? » et le sujet sur le secret est de manière indirecte un sujet du type « Peut-on … ? »

Ce type de formulation est typique des sujets de philosophie de terminale, et nécessite, pour ne pas faire de hors sujet (ou de traitement partiel du sujet) de bien analyser ces deux intitulés de questions, en particulier sous leur double sens : « Faut-il » veut dire à la fois « Est-il nécessaire … ? » et « Est-il moral … ? » ; « Peut-on » veut dire à la fois « Est-on capable … ? » et « A-t-on le droit … ? ».

                A mon sens, la formulation des sujets est un signe que le jury du concours ne souhaite pas désavantager les candidats de terminale par rapport aux candidats de niveau bac+1 ou les candidats ne faisant pas de prépa par rapport aux candidats issus de prépa. Un candidat sérieux de terminale, ayant assimiler la technique de dissertation en philosophie me semble parfaitement armé pour analyser et problématiser les sujets. L’étape de problématisation du sujet étant la plus importante pour obtenir une bonne note, il me semble que c’est un bon signe pour tous les candidats travailleurs et sérieux 😊

un sujet « classique » et un sujet plus « complexe »

Le deuxième élément que je retiens est la présence d’un sujet « attendu » et d’un sujet un peu plus complexe (en apparence). Les thèmes de culture générale ou de questions contemporaines comportent généralement des types de sujets « classiques ».

C’est le cas du sujet portant sur le thème du secret cette année. Le rôle paradoxal du secret dans le fonctionnement des démocraties était le thème central et attendu cette année. Lorsque je vous avais proposé des idées de sujets pour préparer le concours sur le thème du secret, je vous avais d’ailleurs proposé deux sujets à travailler sur l’articulation entre secret et démocratie.

                Le deuxième sujet en revanche, paraît un peu plus « complexe » de prime abord, et en tout cas moins facilement abordable.

Généralement, les candidats (en particulier les moins bons candidats) s’orientent vers les sujets « simples » ou « classiques ». Il devient donc plus difficile de « sortir du lot » quand on choisit un sujet simple. L’autre danger est aussi de choisir un sujet a priori « simple » et de partir vite sur un plan en analysant pas assez le sujet et donc de passer sur certains aspects (c’était un risque important cette année, voir mon analyse du sujet plus bas).

Vous l’avez compris, je conseille généralement de s’orienter vers le sujet « complexe » 😊

Des sujets qui permettent un « échelonnement » des notes.

Le troisième enseignement que je tire des sujets du concours commun 2019, est qu’ils permettent un échelonnement des notes en termes de correction, avec 3 catégories de copies :

  1. Un premier tiers de copies pour lesquels l’analyse du sujet n’est pas suffisante, en particulier l’analyse des double sens inclus dans la formulation, mais aussi l’analyse, la définition des autres termes. Comment problématiser le sujet « Les institutions démocratiques peuvent-elles reposer sur le secret ? » sans interroger les aspects juridiques qui régissent/réglementent/définissent une démocratie. Une démocratie repose en partie sur le secret. (Peut-on parler de démocratie si le vote n’est pas secret ?). Dans ces cas-là, votre copie a de forte chance d’être en deçà des attentes au concours et de se voir attribuer une note inférieure à 8/20 au mieux.
  2. Un deuxième tiers de copies ayant analysé le double sens des questions, défini et problématisé le sujet, de manière correcte, avec un plan basique (oui / non) etc. Vous vous trouverez alors dans le troupeau des candidats lambda, avec une note de 8/20 à 12/20
  3. Un troisième tiers de copies émanant de candidats ayant fait une analyse poussée et complète des sujets. Je trouve que les sujets proposés provoquent assez facilement des décalages entre un candidat normal et un bon candidat. Sur les deux sujets proposés, voici selon moi les deux termes qui vous permettaient de faire réellement la différence et sur lesquels il fallait insister et baser votre réflexion et votre problématique :

Faut-il tout dématérialiser ?

Le mot qui fait toute la différence est le mot « tout ». Le sujet ne demande pas s’il faut encourager ou limiter la dématérialisation. L’enjeu porte plutôt sur la manière de définir ce qui doit ou ne doit pas être dématérialisé. Et c’est là que le sujet devient intéressant. Comment définir concrètement les modalités et les choix en termes de dématérialisation ?

Les institutions démocratiques peuvent-elles reposer sur le secret ?

A mon sens, le terme important et qui risque d’être oublié est le terme « institution ». La définition sociologique d’une institution est une structure qui tend ou qui vise à se reproduire. Si le fonctionnement démocratique tend à promouvoir des principes de transparence en termes de fonctionnement des institutions, la logique même des institutions (leur propre survie/reproduction) les pousse à adopter des comportements ou des stratégies contraires à leur missions initiales. C’est là tout l’enjeu du sujet. La démocratie est un système politique qui est constamment en tension entre le respect de ses principes et sa nécessaire « survie » face à d’autres logiques.

Comment réviser la culture générale en 1ère ou en 2nde ? Les livres à lire en priorité

Comment réviser la culture générale en 1ère ou en 2nde ? Les livres à lire en priorité

Les difficultés de l’épreuve de culture générale

L’épreuve de culture générale est l’épreuve reine du concours de Sciences Po, et des Instituts d’Etudes Politiques, quels que soit le concours d’entrée visé.

Les IEPs de province ont certes modifié le libellé de l’épreuve de culture générale en la rebaptisant « questions contemporaines », mais elle n’en demeure pas moins sur le fond une épreuve de culture générale (avec une orientation plus axée sur l’actualité contemporaine, et un champ délimité par les thèmes au programme).

Cette épreuve est une des épreuves les plus difficiles parce qu’elle demande deux caractéristiques dont les candidats manquent souvent :

  • Le temps :  L’épreuve de culture générale, sans programme prédéfini, et avec des champs de connaissance tirés de tous les domaines intellectuels, artistiques, scientifiques etc. est une épreuve difficilement « bachotable ». Elle ne s’acquiert pas en lisant un manuel de culture générale, précisément parcequ’il n’y a pas de programme défini, et que la qualité qui est demandé aux candidats est de faire des ponts entre matière, approches et courants artistiques pour comprendre, expliquer les enjeux d’un sujet. Cela demande du temps et la majorité des candidats aux concours de Sciences Po n’en ont pas (bac à préparer en parallèle, révisions des autres matières etc)
  • La transversalité : Maitriser des connaissances variées, lire les livres des auteurs importants, écouter des émissions ou aller à des expositions sur des sujets extrêmement variés permet de faire des ponts entre sujets et d’apporter des éclairages différents et féconds sur un sujet en particulier. Pour réussir Sciences Po, on vous demande à la fois d’être philosophe, économiste, sociologue, historien etc. à un bon niveau et … de ne pas trop l’être. Vous devez être précis, connaître réellement les théories, œuvres et sujets dont vous parlez, mais sans en être un spécialiste pointu et faire une dissertation sous un seul angle académique/artisitique. Là encore, force est de constater que les candidats sont généralement peu préparés à cette exigence. Au lycée, les cours sont généralement très segmentés et les ponts entre matières rarement mis en avant.

Si vous visez Sciences Po, il est donc plus que nécessaire de vous y prendre tôt et pour cela, les lectures des classes de 1ère et de 2nde seront un bagage fort utile pour préparer, et réussir les concours des Instituts d’Etudes Politiques.

Mes conseils de lecture pour commencer à réviser Sciences Po dès la classe de seconde ou de première.

Cette liste comporte des livres relativement courts, accessibles en termes de raisonnement, et de vocabulaire et qui vous serviront de « boîte à outil » à la fois pour le concours de Sciences Po et du baccalauréat.

D’une manière générale, même si un concours porte sur un ou plusieurs thèmes (comme le concours commun des Ieps par exemple), le fait de maitriser une palette large de connaissance permet de faire des liens entre sujets ou de s’en sortir quand vous rencontrez un sujet en marge d’un thème. Je conseille donc ces classiques (tous assez courts en termes de nombre de pages) à l’ensemble des candidats aux concours des IEPs.

Karl Marx et Friedrich Engels, Le manifeste du parti communiste

C’est un ouvrage court, de vulgarisation, de résumé de la pensée de Karl Marx. L’intérêt principal de la pensée de Karl Marx et que celle-ci développe une vision, une idéologie universelle (c’est-à-dire qu’elle permet d’analyser toute sorte de phénomènes humains, donc pour le candidat à Sciences Po, toutes sortes de sujets de culture générale). L’ouvrage est également une mine à citations, en particulier la première phrase «  L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes » et la dernière phrase « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ». En plus d’être un livre « théorique » c’est également un livre « historique » en ce sens qu’il a permis la diffusion de la pensée marxiste par le monde.

Lire le Manifeste du parti communiste.

Jean-Paul Sartre, l’Existentialisme est un humanisme

Ce livre est issue d’une conférence de Jean-Paul Sartre, qui y explique les fondements de sa théorie philosophique, l’existentialisme (le fameux « L’existence précède l’essence ». Ce livre permet d’appréhender des thèmes de culture générale comme le devoir et la liberté. Il vous sera également utile pour préparer l’épreuve de philosophie du bac.

Lire l’Existentialisme est un humanisme

Claude Levi-Strauss, Race et Histoire.

Claude Levi-Strauss est un anthropologue et philosophe français. Il est un des membres fondateurs du mouvement intellectuel du « structuralisme ». Ce petit livre permet de s’initier à des thèmes souvent évoqués en culture générale, comme la culture, et en particulier l’ethnocentrisme et le racisme. L’ouvrage défend les interactions entre cultures : « Tout progrès culturel est fonction d’une coalition entre les cultures. »

Lire Race et Histoire

Ernest Renan, « Qu’est-ce qu’une Nation ? »

Là encore, cet ouvrage est la retranscription d’une conférence donnée par Ernest Renan (philologue français), qui a pour objet le thème de la Nation. Cet ouvrage permet de mettre en évidence deux visions opposées de ce qu’est une nation : une vision « du sang » sur le modèle de la nationalité allemande notamment et une vision « du souhait » qui est devenu l’emblème d’une conception française de la nationalité, celle du « plébiscite de chaque jour » (ie. la volonté de vivre ensemble). Cette distinction permet d’apporter des éclairages intéressants sur tous les sujets liés à la question de nation, de vivre ensemble.

Lire Qu’est ce qu’une Nation 

Machiavel, Le Prince

J’ai déjà évoqué avec vous ce livre, qui est considéré comme le premier ouvrage de Sciences Politiques, dans les livres à lire sur le thème du secret. C’est une excellente preuve du fait que les livres classiques sont généralement mobilisables sur de nombreux sujets de culture générale ou de questions contemporaines. Dans ce livre Machiavel donne des conseils sur le pouvoir au Prince et en ce faisant évoque de nombreux sujets en lien avec le pouvoir et l’Etat.

Lire Le Prince

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